Transport en commun: l’Agglomération dénonce les 8M$ imposés par l’ARTM

Les maires de l’Agglomération de Longueuil ont d’une même voix dénoncé les 8 M$ qui seront versés en 2018 à la nouvelle Agence régionale de transport métropolitain (ARTM), à qui ils réclament notamment plus de flexibilité. Cette somme représente une hausse de 10% du budget d’Agglomération de 354 M$. La quote-part propre au budget du Réseau de transport de Longueuil (RTL) explique la moitié de cette somme. Un autre 4 M$ est dû à la nouvelle dynamique qu’entraîne la gouvernance de l’ARTM. Auparavant, les différentes instances de transport géraient leurs propres revenus et dépenses et pouvaient, par exemple, faire des estimations des revenus plus conservatrices pour pouvoir financer leurs dépenses avec des hausses de revenus non prévues. Avec l’ARTM, le partage des revenus et des dépenses se fait à l’échelle métropolitaine et c’est l’Agence qui donnera des contrats de services à chacune des entités de transport. Chiffres préliminaires À la séance extraordinaire visant l’adoption du budget d’agglomération le 14 décembre, le directeur général de la Ville Patrick Savard a expliqué que la politique de financement de l’ARTM, établie par le comité de transition créé en janvier, est basée sur les budgets pro forma de chacune des entités de transport. Ces chiffres préliminaires, qui diffèrent des chiffres budgétaires, ont servi à établir les quotes-parts de 2018 que chacune des villes doit verser à l’Agence. Le montant que doit verser l’Agglomération pourrait donc être appelé à changer, ce qui a poussé l’Agglomération à aller piger dans ses surplus pour une part de 4M$ et ainsi éviter de faire augmenter les quotes-parts de l’ensemble des villes et ainsi taxer les citoyens. L’impact de la politique a été réparti sur quatre ans, et au terme de 2021, l’impact sera de 8M$ par an. Une hausse « démesurée » Le maire de Saint-Lambert a dénoncé ce qu’il considère comme une injustice et une «facture démesurée», alors que ce 8M$ représente une hausse de 10% du budget d’Agglomération. «Lorsqu’on promet une restructuration, on promet une économie. Dans ce cas-ci, il n’y en a pas eu», déplore-t-il. Il espère pouvoir rallier les élus de la Couronne Nord, qui s’étaient au départ opposés tout comme Longueuil à la création de l’ARTM, afin de dénoncer cette situation. Le maire de Boucherville Jean Martel y est allé dans le même sens, accusant l’ARTM d’un manque de flexibilité puisqu’elle refuse de tenir compte des nouveaux chiffres des budgets des villes pour établir la quote-part. Si l’ARTM avait les vrais chiffres en main, il estime que le RTL pourrait économiser de 3 à 4 M$. «Ça me fait grandement peur, a-t-il avoué. On va se ramasser avec une structure plus complexe et plus lourde. Je suis extrêmement inquiet quand on éloigne le pouvoir des citoyens, quand on éloigne le pouvoir de ceux qui sont imputables.» La mairesse de Longueuil Sylvie Parent, qui a été nommée sur le comité exécutif de la CMM et à l’ARTM ce 14 décembre, a assuré avoir entendu et partager les inquiétudes de ses collègues. «C’est clair que ces enjeux ne pourront pas rester là sans qu’on se lève haut et fort, ce n’est pas acceptable, ni concevable», a-t-elle assuré.     Brossard et Saint-Bruno votent contre le budget   La mairesse de Brossard Doreen Assaad et le maire de Saint-Bruno-de-Montarville Martin Murray ont voté contre le budget d’agglomération, évoquant  les «lacunes» dans la gouvernance de l’Agglomération et le dossier des dépenses mixtes. Rappelant sa volonté de partir sur de nouvelles bases avec ses homologues de l’Agglomération, Mme Assaad a néanmoins souligné qu’il n’y avait pas «d’engagement clair de la ville-centre à vouloir entreprendre à ce moment-ci des avenues de solutions. J’ose croire que le futur me montrera le contraire, a-t-elle adressé au conseil. Brossard se voit dans l’obligation de voter contre, mais avec un sentiment d’optimisme pour l’année qui va suivre.» C’est dans un esprit de collaboration que M. Brodeur a reçu comme recommandation de son conseil de voter en faveur du budget d’agglomération. Il n’a toutefois pas manqué de relever «l’iniquité majeure» pour les citoyens de Saint-Lambert; une iniquité qui découle des méthodes de calcul des dépenses mixtes. M. Brodeur avance que les règles de l’Agglomération nuisent à son efficacité, son fonctionnement et son équité, ce qui devra être corrigé dans la prochaine année. Pour sa part, Martin Murray s’est opposé au budget d’agglomération rappelant que les quotes-parts liées aux dépenses mixtes augmentent de 1 M$, soit de 5%. « Il y aurait pu y avoir un effort pour tenter de corriger la formule, on m’a dit qu’on s’attèlerait à la tâche à 2018, parfait, tant mieux.» Il a également voté contre le budget du RTL, en signe de contestation contre la contribution importante à l’ARTM, stipulant que «tant qu’on plie l’échine, on n’arrive à rien». Quelques chiffres Rappelons que le budget d’Agglomération de 354 M$ a augmenté de 3,7% par rapport à 2017, ce qui est en grande partie attribuable à la contribution à l’ARTM. Parmi les importantes hausses de dépenses, le budget de la gestion des eaux augmente de 2,3 M$. Des ressources spécialisées afin d’améliorer la qualité du service d’eau potable ont été ajoutées, et des montants supplémentaires sont prévues pour la gestion de l’eau potable. Le PTI de l’Agglomération se chiffre à 130 M$. En 2017, il était de 165 M$. Un montant de 44 M$ sera dépensé en 2018. Une dizaine de millions de dollars seront investis dans le remplacement de véhicules de la sécurité publique. La construction de la caserne à Brossard, le nouvel écocentre Payer ainsi que l’amélioration des infrastructures de la gestion des eaux figurent parmi les grands projets. Les quotes-parts à l’Agglomération Dans le budget 2018, la quote-part de Longueuil est de 154,26 M$ (+1,7% par rapport à 2017); celle de Brossard est de 77 M$ (+3,1%); celle de Boucherville est de 48,9 M$ (+3,8%); celle de Saint-Bruno est de 27,4M$ (+1,5%); et celle de Saint-Lambert est de 21,2M$ (+1%).