Actualités

Tumeurs au cerveau : un laser facilite les opérations à l’hôpital Charles-Le Moyne

le mardi 18 avril 2023
Modifié à 15 h 50 min le 17 avril 2023
Par Michel Hersir

mhersir@gravitemedia.com

Le neurochirurgien Ramez Malak est ravi de l'acquisition du laser par l'hôpital. (Photo : Le Courrier du Sud – Denis Germain)

L’hôpital Charles-Le Moyne a acquis depuis un peu plus d’un an un laser neurochirurgical qui permet des opérations au cerveau moins intrusives. S’il offre notamment la possibilité de traiter des tumeurs plus profondes, le laser amène une panoplie d’avantages pour les patients : opération plus courte, séjour à l’hôpital réduit et meilleure qualité de vie.

Le docteur Ramez Malak a l’expérience des craniotomies, ces opérations qui consistent à retirer une partie du crâne pour opérer un patient au cerveau.

Pour lui, l’arrivée du laser NeuroBlate est considérable sur plusieurs plans, notamment parce qu’il réduit de beaucoup la durée de l’intervention chirurgicale.

 

Simulation d’une neurochirurgie avec le laser NeuroBlate. (Photo : Monteris)

 

«On fait une petite incision de moins d’un centimètre, on va faire un mini trou dans l’os, et on va rentrer une petite sonde, qu’on va placer dans le cerveau avec d’autres technologies pour être sûr qu’on la place dans la tumeur. C’est ça, du point de vue chirurgical», explique M. Malak.

Le patient est par la suite placé dans une machine d’imagerie à résonance magnétique et le chirurgien peut opérer la sonde laser, qui brûle la lésion, à partir d’un ordinateur. En appuyant sur une pédale, le docteur voit en temps réel ce qu’il brûle et évite ainsi de causer des dommages ailleurs dans le cerveau.

 

 

 

 

Petite révolution

L’intervention chirurgicale en soi prend environ une heure, mais en incluant toute la procédure, le patient va normalement entrer en salle d’opération à 8h, jusqu’en début d’après-midi. Pour une craniotomie, la chirurgie, selon les cas, peut à elle seule durer de 6 à 8 heures, parfois 12 heures et plus.

Peut-on parler d’une petite révolution dans le monde de la neurochirurgie? Le Dr Malak estime que oui.

«Pour quelqu’un qui aurait pu se faire ouvrir le crâne une deuxième fois, c’est beaucoup moins invasif. Pour des tumeurs plus profondes, on doit traverser le cerveau, on doit enlever plus de cerveau, alors qu’ici, on fait juste mettre la sonde, il y a moins de dommage. Ça donne espoir pour certains patients», indique-t-il, en précisant que l’intervention au laser n’est pas possible pour tous les cas.

Par exemple, si la taille de la tumeur est trop grande, le laser n’est pas un recours.

«Oui, on veut donner la survie, mais on veut donner de la qualité de vie, d’où l’importance d’être minimalement intrusif.»

-Ramez Malak, neurochirurgien à l’hôpital Charles-Le Moyne

Jusqu’ici, six patients, bientôt sept, ont été opérés avec celui-ci.

L’équipement permet en outre des opérations dans des cas d’épilepsie, mais l’hôpital traite uniquement des cas d’oncologie pour le moment. 

Opéré aujourd’hui, sorti demain

À la suite d’une craniotomie, le patient est placé aux soins intensifs pendant 24 heures et reste ensuite à l’hôpital pendant quelques jours.

À la suite de l’opération au laser, le patient est plutôt placé aux soins intermédiaires et obtient son congé le lendemain.

«Plusieurs voulaient quitter le jour même!» mentionne le Dr Malak.

Ce dernier ajoute que la petite incision cause moins de douleur, moins de plaies, ainsi que moins de risques d’infection et de complications.

Projet mobilisant

L’acquisition du laser a été possible grâce à un don de 435 000$ de la Fondation de l’Hôpital Charles-Le Moyne. Le centre hospitalier devenait ainsi le premier au Québec à offrir ce type de neurochirurgie au laser pour adultes, alors que l’hôpital Sainte-Justine le possède également.

Pour la PDG de la Fondation, Nathalie Boudreau, c’est le genre de projet qui mobilise les donateurs.

 

Docteur Ramez Malak et Nathalie Boudreau, PDG de la Fondation de l’Hôpital Charles-Le Moyne. (Photo : Le Courrier du Sud – Denis Germain)

 

«Des projets comme celui-là sont tellement stimulants. Le donateur a envie de voir son impact et les gens intéressés vont se manifester, peut-être avec un don d’une plus grande importance parce que le projet leur parle plus», affirme-t-elle.

L’acquisition permet de plus à la Fondation de remplir l’objectif de donner davantage accès aux soins à la population.

«Ça, ça veut dire que si le patient ne prend pas un lit aux soins intensifs, un autre patient peut le prendre, une autre chirurgie peut se faire. Si un lit en hospitalisation n’est pas pris pour un poste opératoire, c’est quelqu’un à l’urgence qui peut monter sur les étages.»