Santé
Éducation

UdeS: une chaire de recherche étudiera des pistes de solution pour un système de santé plus accessible

le mercredi 31 octobre 2018
Modifié à 13 h 30 min le 31 octobre 2018
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

SANTÉ. Une nouvelle chaire de recherche à l’Université de Sherbrooke (UdeS) œuvrera à faire avancer les connaissances pour améliorer le système de santé, particulièrement en matière d’accès aux services de première ligne. La professeure et chercheuse Mylaine Breton dirigera la Chaire de recherche du Canada sur la gouvernance clinique des services de première ligne, gérée par le Centre de recherche Charles-Le Moyne – Saguenay Lac-Saint-Jean sur les innovations en santé. La vision sur laquelle se baseront ses recherches repose sur la filiation à un médecin de famille – l’un des sujets de recherche de Mme Breton depuis 10 ans – et l’accès à un médecin en temps opportun. «Je souhaite, à partir de ces deux axes, créer un étroit partenariat avec les décideurs et cliniciens et tenter, avec des données probantes, d’influencer l’organisation et les politiques publiques», a-t-elle présenté en conférence de presse au campus Longueuil de l’UdeS le 29 octobre. Trois projets Trois projets sont actuellement en branle, notamment une analyse comparée des guichets uniques d’accès à un médecin de famille, actuellement implantés sous diverses variantes dans sept provinces. L’étude suscite déjà de l’intérêt, la Nouvelle-Écosse ayant voulu contribuer à son financement afin d’y être intégrée. La chaire se penchera aussi sur l’implantation de l’accès adapté dans tous les groupes de médecine familiale universitaire (GMFU). «Les GMF ont tous eu pour mandat d’élaborer une stratégie afin d’être plus accessibles en temps opportun. Nous ferons l’évaluation de ce projet à l’échelle du Québec», a expliqué la professeure à la Faculté de médecine des sciences de la santé de l’UdeS. Enfin, les recherches s’intéresseront à une innovation actuellement au stade de projet pilote: le econsultation. Testé entre autres dans les régions de l’Abitibi et de la Mauricie, le econsultation permet aux médecins de famille de demander conseil à des médecins spécialistes. Par le biais d’une plateforme sécurisée, ils peuvent demander un avis concernant un patient, et possiblement éviter une consultation supplémentaire à ce dernier. «On veut voir comment appliquer le projet pilote à l’échelle de la province», a exposé Mme Breton. En entrevue avec Le Courrier du Sud, la chercheuse souligne que dans 40% des cas, le patient n’a pas à consulter le spécialiste. «Ça répond au délai d’accès aux spécialistes et contribue à mieux régler les cas de première ligne. Au Québec, il y a des pourparlers, beaucoup de monde y croit. Il faut voir ensuite comment l’implanter, respecter les ententes de confidentialité, voir la rémunération des médecins spécialistes.» Tester les idées La création de la chaire de recherche comprend également la mise en place d’un laboratoire de recherche et innovation en gouvernance clinique. «Le laboratoire, ce sera une pépinière et une opportunité unique de tester ces idées, d’en faire des projets pilotes dans le but de créer des leviers pour aller plus loin», illustre Mylaine Breton. Des expérimentations qui s’effectueront en dialogue avec «les gens branchés sur le terrain». C’est d’ailleurs avec le CISSS-Montérégie Centre que l’UdeS a mis sur pied le laboratoire de recherche. Un partenariat bénéfique aux deux parties, selon le pdg du CISSS Richard Deschamps, qui relève l’importance de conserver une proximité entre les chercheurs et les gestionnaires. «On est au début d’une grande transformation de notre réseau. Le big bang est arrivé en 2015, la gouvernance clinique prenait tout son sens et il fallait créer de nouvelles organisations, rappelle M. Deschamps. Des chercheurs de la trempe de Mylaine Breton, il faut en développer davantage.» Le mandat que s’est vue offrir Mme Breton est d’une durée de quatre ans. Elle assure toutefois vouloir poursuivre ses recherches à l’UdeS pour encore 25 ans. «J’ai un terrain de jeu empirique assez extraordinaire pour les prochaines années.» Un futur «chef de file» Cette nouvelle chaire s’inscrit bien dans les activités du Centre de recherche Charles-Le Moyne – Saguenay Lac Saint-Jean, qui se consacre notamment à la gouvernance du système de santé. «Notre système de santé est particulièrement complexe et pour le faire évoluer, il n’y a qu’une seule réponse: la bonne recherche universitaire», a avancé le vice-recteur à la recherche et aux études supérieures de l’UdeS Jean-Pierre Perreault. Le Centre de recherche Charles-Le Moyne – Saguenay Lac Saint-Jean, qui reçoit ainsi une sixième chaire de recherche, «n’est pas seulement en plein essor, mais il est en train de devenir un chef de file», a-t-il ajouté. L’UdeS est une des universités ayant connu la plus grande hausse de revenus de recherche au pays au cours des 10 dernières années. [caption id="attachment_59137" align="alignnone" width="521"] Mylaine Breton est entourée du doyen de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l'UdeS Dominique Dorion, de Richard Deschamps, de Jean-Pierre Perreault et de la vice doyenne aux études supérieures Nathalie Rivard.[/caption]