Un demi-siècle à l’emploi de la Ville de Brossard

Claude Déziel (Photo: Le Courrier du Sud - Denis Germain)
«C’était le 23 septembre 1971», se souvient avec précision l’«homme de fer» de la Ville de Brossard. Au service de la Municipalité et de ses citoyens depuis plus de 50 ans, Claude Déziel a amorcé sa carrière de col blanc dans le cadre d’un emploi étudiant, un peu par accident.
«J’avais donné mon C.V. au contremaître, mais il l’a perdu, se remémore M. Déziel. Le contremaître a dû demander à mon ami, qui m’avait recommandé pour le poste, de le mettre en contact avec moi.»
C’est ainsi que Claude Déziel s’est présenté pour son premier jour de travail au bureau de la Ville sur le boulevard Matte, pour les Travaux publics.
Il a amorcé sa carrière comme chaîneur sur un chantier de la rue Balmoral. Le compteur s’est mis à tourner et il tourne toujours, 50 ans plus tard. À l’origine, il voulait devenir typographe. Il se félicite d’ailleurs de son changement de vocation.
«J’aurais perdu mon emploi depuis longtemps si j’étais devenu typographe!» souligne-t-il en riant.
M. Déziel était étudiant au cégep et il souhaitait changer de domaine d’études lorsqu’il a décidé d’aller travailler en attendant de trouver sa voie. Après six mois de travail en arpentage pour la Ville, le déclic s’est produit pour lui. «J’ai eu la piqûre et j’ai fait plusieurs cours au cégep et à l’université pour me perfectionner», explique-t-il.
De chaîneur, il est devenu chef d’équipe. Il a ensuite accédé au poste de surveillant de travaux avant de devenir technicien en chaussée et, finalement, chef de section.
De grands changements
Pionnier de l’arpentage à Brossard, il en est également un résident de longue date. Arrivé dans cette ville en 1964 à l’âge de 11 ans, il ne l’a jamais quittée depuis, pas plus que ses parents et ses enfants. L’une de ses filles a même acheté la maison de ses parents – sa maison d’enfance – et y vit aujourd’hui avec sa propre famille.
Le travail et la ville ont beaucoup changé depuis 1964, relate M. Déziel. Il se rappelle que les terres agricoles recouvraient la majorité du territoire de Brossard lorsqu’il a amorcé sa carrière. «J’ai eu l’occasion de participer au développement de la ville», confie-t-il.
Quant au travail, l’électronique a révolutionné la profession. «Une personne peut aujourd’hui faire seule des tâches pour lesquelles il fallait toute une équipe à mes débuts, explique-t-il. À l’époque, tout se faisait à la main et en calcul mental.»
«Lorsqu’une erreur survenait, on prenait la gomme à effacer et on effaçait une trentaine de calculs. Aujourd’hui, tu ne changes qu’un chiffre dans l’ordinateur et tu obtiens la solution à tous les calculs suivants.»
-Claude Déziel
Sans être nostalgique, il souligne que les jeunes ne sont guère ferrés en calcul mental de nos jours. «Ils sont toutefois meilleurs avec les ordinateurs et l’électronique», concède-t-il.
(Photo: Le Courrier du Sud - Denis Germain)
Des offres et des hommes
M. Déziel confie qu’il aurait pu travailler ailleurs au fil du temps. Il n’a même pas cédé aux chants des sirènes du grand Nord.
«Plusieurs de mes amis sont allés travailler à la Baie-James lors du lancement des grands chantiers. Ils offraient six fois le salaire, mais six fois pas grand-chose, ça fait quand-même pas grand-chose, philosophe-t-il. Moi, j’ai conservé mon emploi jusqu’à ce jour…»
Gardien du savoir
En plus de participer au développement de la ville, M. Déziel l’a également documentée grâce à sa deuxième passion: la photographie.
«Encore aujourd’hui, je pars toujours avec mon appareil photo, les week-ends», dit-il.
Il a d’ailleurs collaboré à un livre sur les 50 ans de la Ville de Brossard en fournissant plusieurs photos – notamment d’écoles et de lieux publics – de sa collection privée.
Sa passion et son expérience en font aujourd’hui un gardien du savoir de la Ville. Avec ses photos d’archives, il a monté un atelier sur l’histoire du développement de la Ville pour les nouveaux employés.
Lorsqu’un citoyen se présente avec des questions sur l’historique de certaines constructions – matériaux, types de sols etc. –, il peut venir en aide aux fonctionnaires qui ne disposent pas de ce genre de détails dans les dossiers archivés.
Et la retraite?
«Ma conjointe est plus jeune que moi, explique-t-il. Tant que la santé sera au rendez-vous, je serai en service.»