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Un dernier rassemblement qui annonce une rentrée mouvementée

le mardi 23 juin 2015
Modifié à 0 h 00 min le 23 juin 2015
Par Annick Oligny

annick.oligny@tc.tc

REVENDICATIONS. Donner plus que ce qui est convenu, acheter du matériel avec son argent personnel et obtenir de moins en moins d'aide pour les enfants en difficulté; les enseignants et le personnel de soutien des écoles de la Montérégie n'en peuvent plus. Ils étaient près de 1200 à manifester sur une passerelle au-dessus de la route 132, le 22 juin.

L'occasion était idéale pour procéder à une opération de visibilité, selon les organisateurs. En pleine heure de pointe, une partie du corps enseignant des écoles de la région a brandi des drapeaux dans le but d'attirer l'attention des automobilistes et d'ainsi pouvoir compter sur leur appui.

Le président du Syndicat de Champlain, Éric Gingras, avait convié les enseignants afin de dénoncer la situation insoutenable dans laquelle ils se retrouvent à la suite des compressions et des abolitions de postes, compte tenu du fait que leur contrat de travail est échu depuis le 31 mars.  

«Nous arrivons à la fin de l'année scolaire et les problèmes sont toujours là, autant dans nos négociations que dans les coupures imposées par le gouvernement. Nous sommes ici pour dire “ C'est assez! .»

Le président du Syndicat des professionnels de la Montérégie, Jacques Landry, et une cinquantaine de ses membres se sont aussi dirigés vers la passerelle pour dénoncer les compressions.

«Pour nous, c'est l'incompréhension. Aux dernières négociations, on demandait un ajout de 1300 postes; On nous en a donné 350 pour toute la province, mais lors des dernières coupures, ce sont 275 postes qui ont été abolis. On revient au point de départ.»

Les élèves avant tout

Le président de la Fédération du personnel de soutien scolaire, Éric Pronovost, affirme qu'il est primordial d'offrir des conditions gagnantes aux enfants. «Ils représentent l'avenir, mais présentement, nous travaillons avec les mains liées et on ne peut pas les aider convenablement.»

Deux enseignantes de l'école primaire Jésus-Marie ont fait le chemin de Beauharnois afin d'affirmer leur désaccord face aux coupures imposées par le gouvernement Couillard.

«On n'est pas écouté. On espère que lorsque le gouvernement verra à quel point on aime l'école et de quelle manière nous la tenons à bout de bras, il réalisera ce qui se passe», explique une des deux enseignantes, qui préfère garder l'anonymat.                                                                                                                                                    

Une rentrée qui risque de chauffer

Éric Gingras le dit d'emblée: les enseignants reviendront de leur pause estivale en colère et prêts à se mobiliser. «Les membres sont frustrés et sont venus le dire à la population, qui est clairement derrière nous.

Les membres du Syndicat de Champlain ont adopté le plan d'action pour la rentrée il y a quelques semaines, et on parle d'une possibilité de grève.»

L'enseignante de l'école Jésus-Marie affirme que dès la rentrée, on peut s'attendre à des moyens de pression, comme le port de vêtements noirs et, éventuellement un vote de grève.

«On leur dit “On se tient et on est là“. Quand on reviendra à l'automne, on va se contenter d'enseigner, d'encadrer et de récupérer. C'est pour ça qu'on nous paye; tout le reste sera mis de côté», explique l'enseignante qui affirme que trop souvent, elle doit payer du matériel de ses poches, comme des crayons pour un enfant dans le besoin ou des mouchoirs pour sa classe.

Elle poursuit en souhaitant que les parents et les dirigeants remarquent toutes les tâches effectuées par les professeurs, tâches qui ne sont pas rémunérées. «On fait plus que du 110%. On ne veut jamais que nos élèves soient brimés, alors on en fait un peu plus. Qui paye au bout du compte? Ce sont les élèves, mais aussi les profs.»