Politique

Un gel de taxes dont Longueuil n’aurait pas les moyens, laisse entendre Sylvie Parent

le mardi 27 novembre 2018
Modifié à 14 h 35 min le 27 novembre 2018
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

BUDGET. La mairesse de Longueuil Sylvie Parent s’est dite inquiète du gel de taxes qui figurerait vraisemblablement au budget 2019, le deuxième en autant d’années. De cette façon, le budget n’ajusterait pas la taxation «de manière responsable», selon elle. Mme Parent a tenu ces propos lors d’une réunion extraordinaire du conseil municipal, le 26 novembre. La réunion a permis d’adopter le projet de règlement concernant le budget 2019 de la Ville, ainsi que la part du budget de Longueuil visant ses compétences d’agglomération. Rappelons que le gel de taxes pour au moins deux ans est l’un des engagements du parti de l’opposition, Longueuil Citoyen. La Commission des finances et des ressources humaines est composée à majorité par des membres de ce parti et présidée par le chef de l’opposition Xavier Léger. «Je dois vous faire part de mon inquiétude face à l’incertitude que créera le prochain budget, a-t-elle affirmé. Et à dire vrai, je suis préoccupée pour la suite des choses.  Les conséquences de ce choix sont difficiles, j’oserais même dire très difficiles à prévoir.» Elle a comparé la situation à un père ou une mère de famille qui ne bénéficierait pas d’augmentation de salaire durant deux années consécutives, et qui devrait donc aller puiser dans les réserves, sans compter la hausse des coûts qu’entraîne l’inflation. «Cette année, le même scénario est en voie de se répéter. Aucun ajustement de taxes. Et nous n’aurons d’autre choix que de piger encore une fois dans nos provisions, a-t-elle avancé. Nous pigeons dans nos réserves d’urgence, réserves qui ne devraient pas servir à payer l’épicerie.» La gestion des finances n’est pas un «jeu politique», a-t-elle poursuivi, appelant l’ensemble des élus à réfléchir sur les conséquences des décisions qui se prendront le 4 décembre, jour de l’adoption du budget. «Au cours de la prochaine année, et au cours des années subséquentes, nous devrons travailler ensemble à trouver des solutions quand les décisions budgétaires forceront des décisions difficiles.» Longueuil a les moyens Xavier Léger a décrié le ton alarmiste de la mairesse, affirmant que Longueuil est dans une situation actuellement confortable pour offrir un congé de hausse de taxes à ses contribuables. Il évoque entre autres le développement florissant. «On vit en ce moment avec nos moyens, pas au-dessus de nos moyens. On a peut-être voulu nous faire la morale, nous faire peur avec un bonhomme sept heures, mais ce n’est pas ça l’écho que j’entends de la Commission des finances, après les beaux travaux qu’on a faits.» L’attaché de presse de l’opposition abonde dans le même sens, affirmant au Courrier du Sud que ce n’est tout simplement «pas vrai» que la Ville devra aller piger dans ses surplus pour offrir le gel de taxes. «C’était très surprenant comme déclaration», a jugé Francis Dubreuil. M. Léger estime que la réflexion entourant le budget est bel et bien terminée, accusant la mairesse d’avoir ainsi ignoré le «processus consensuel qui a mené au budget». «Cette réflexion, on l’a fait en pensant à nos citoyens, à respecter leur capacité de payer.» Le chef de l’opposition rappelle que les citoyens ont connu une hausse globale de 24% du compte de taxes au cours des huit ans où Mme Parent présidait la Commission des finances. Les chiffres En décembre dernier, Longueuil adoptait le budget 2018, selon lequel le compte de taxes d’une propriété dont l’évaluation est à 273 000$ serait de 2590$, comme l’année précédente. Le taux de taxes pour le résidentiel (1 à 5 logements) variait autour de 0,94$ par 100$ d’évaluation pour l’ensemble des arrondissements. Dans le projet de règlement présentant les divers taux de taxation qui seront selon toute vraisemblance adoptés la semaine prochaine, le taux de taxe se situe autour de 0,90$ du 100$ d’évaluation pour 2019.     Budget d’agglomération Le budget de Longueuil dans ses compétences d’agglomération, adopté lors de la séance extraordinaire du 26 novembre, se chiffre à 364,6 M$, ce qui représente une hausse de 2,8%. Il sera soumis aux délibérations des maires des villes liées lors d’une prochaine séance du conseil d’agglomération. Le budget détaille les quotes-parts que doivent verser chacune des villes liées: 49,6 M$ pour Boucherville (+1,4%); 78,7 M$ pour Brossard (+2,2%); 159,3 M$ pour Longueuil (+3,3%); 28,1 M$ pour Saint-Bruno-de-Montarville (+2,4%); et 22,3 M$ pour Saint-Lambert (+5,1%). Du côté des dépenses pour l’ensemble de l’agglomération, les principales sont la sécurité publique (148,6 M$), le transport (88,9 M$), l’hygiène du milieu (eau, égout, matières résiduelles) (41 M$) et l’administration (34,2 M$). La section «hygiène du milieu» connaît une hausse de 11%, principalement dû à une augmentation des dépenses de traitement des eaux usées et d’une nouvelle somme de 2,1 M$ pour le tri et conditionnement des matières recyclables. Le budget confirme également la part que Longueuil verse à différentes instances, dont l’Agence régionale de transport métropolitain (ARTM), contribution qui n’est pas détaillée dans les documents adoptés hier. Les dépenses supplémentaires liées à la nouvelle structure qu’est l’ARTM demeurent un «irritant majeur», aux yeux du chef de l’opposition Xavier Léger. Tout comme l’an dernier, où il avait dénoncé le manque de transparence et d’«imputabilité démocratique» de l’Agence, «Longueuil devra verser des sommes supplémentaires à l’ARTM sans toutefois pouvoir exercer de contrôle sur la manière dont ces sommes seront dépensées», déplore-t-il. Il souhaite que les gouvernements supérieurs donnent leur appui aux municipalités afin qu’elles aient le contrôle sur ces dépenses et qu’elles soient reconnues comme gouvernement de proximité. Globalement, M. Léger s’est néanmoins dit heureux du «budget qu’on vient de recommander.  Nous avons tenu compte des besoins exprimés par l’Agglomération et ses parties prenantes. En même temps, nous avons considéré la capacité de payer de Longueuil et des villes associées. Nous pouvons être satisfaits des compromis qui répondent à ces deux principes qui ont guidés nos travaux.»