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Un logiciel pour doter le Québec d’un couvert forestier plus durable

le mardi 18 août 2020
Modifié à 15 h 34 min le 14 août 2020
Par Geneviève Michaud

gmichaud@gravitemedia.com

La Ville de Saint-Lambert faisait déjà affaire avec le professeur en écologie forestière et foresterie urbaine de l’UQAM Christian Messier sur un autre dossier quand il l’a approchée pour participer à son projet SylvCiT, un logiciel visant à encourager une plus grande diversité dans le couvert forestier de la province. Un outil «qui sera très utile pour les villes», croit la responsable en foresterie urbaine à la Ville de Saint-Lambert Ariane Denis-Blanchard. «Dans les municipalités, au cours des 100 quelques dernières années, on a planté des arbres selon la disponibilités des espèces et une planification esthétique, explique d’entrée de jeu Christian Messier. Mais on n’a jamais planifié les plantations pour avoir une bonne diversité, afin de prévenir ce qui s’est produit avec les frênes ou les ormes d’Amérique.» «Quand on doit couper presque tous les arbres d’un parc ou d’une rue, poursuit-il, ce sont de 20 à 30 ans de perdus. Si on avait eu une bonne diversité d’essences, on aurait pu perdre seulement 5 ou 6% du couvert forestier en raison de l’agrile du frêne, au lieu des 50 à 60%.» D’où l’idée du chercheur et de son équipe de se pencher sur un logiciel pour aider les municipalités à planifier des plantations plus durables. «La diversité est notre meilleure amie pour protéger ce qu’on a. De la même façon qu’on diversifie notre portefolio d’investissements pour notre fonds de pension, il faut diversifier nos plantations», lance M. Messier, qui est également titulaire d’une chaire de recherche en foresterie urbaine du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada. Traits fonctionnels Le nouvel outil sur lequel travaille l’équipe de Christian Messier depuis quelques années, en compagnie des professeurs de sciences biologiques Alain Paquette et d’informatique Marie-Jean Meurs, répertorie les arbres selon le principe des traits fonctionnels. «Ces caractéristiques biologiques similaires entre les différentes essences d’arbres peuvent être la profondeur des racines, la densité du bois, l’épaisseur des feuilles, la vitesse de croissance de l’arbre, sa résistance à la sécheresse et sa vulnérabilité aux insectes et aux maladies, énumère M. Messier. En tout, les arbres sont divisés en dix catégories d’espèces ayant des traits fonctionnels différents.» [caption id="attachment_97336" align="alignnone" width="1700"] (Photo: Archives - Le Courrier du Sud)[/caption] Lorsqu’une municipalité prévoit une plantation à un endroit précis, le logiciel SylvCiT peut alors faire le calcul des arbres présents dans un rayon de 200 ou 300 mètres et proposer la meilleure essence à y planter pour assurer une bonne diversité. L'outil permettra également l'optimisation de certains services écosystémiques, comme la création de zones d'ombre pour combattre les îlots de chaleur, le stockage de carbone ou l'économie d'électricité (en minimisant le chauffage nécessaire l'hiver). Financement recherché L’équipe possède déjà un prototype fonctionnel de son logiciel sur ordinateur mais veut maintenant l’adapter en une application cellulaire, en plus de le rendre plus versatile, plus sophistiqué et de le doter d’une fonction d’auto-apprentissage. Mais pour ce faire, ça prend des sous. L’équipe a ainsi déposé une lettre d’intention au Programme visage municipal du Fonds de recherche du Québec – Nature et technologies (FRQNT) et prévoit déposer officiellement son projet en septembre. Elle saura en décembre si elle obtient le financement souhaité. Et déjà, le projet a reçu un très bon accueil des municipalités auxquelles il a été présenté, dont Saint-Lambert, Boucherville et Varennes. Saint-Lambert s’est d’ailleurs engagée en juin à lui verser une aide financière d’un peu plus de 8000$ sur deux ans, à même son fond vert. Saint-Lambert possède déjà l’inventaire des arbres sur son territoire. «Cet inventaire pourra être ajouté au répertoire de SylvCiT et dans l’éventualité où on devrait remplacer des arbres, on pourrait alors s’assurer d’une plus grande diversité», souligne la responsable en foresterie urbaine de la Ville de Saint-Lambert Ariane Denis-Blanchard. «L’importance de l’arbre dans la vie des citadins est de plus en plus reconnue», se réjouit Christian Messier.