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Un médecin radié quatre mois pour avoir opéré inutilement

le mercredi 13 avril 2016
Modifié à 0 h 00 min le 13 avril 2016

DÉCISION. Le chirurgien Éric Bergeron de l'hôpital Charles-LeMoyne sera finalement radié pour quatre mois après avoir opéré sans raison une patiente, lui retirant la rate et une partie du pancréas.

En février 2007, à la suite d'une visite à l'urgence d'un centre hospitalier pour une douleur abdominale, la patiente en question subit des tests révélant une masse à la tête de son pancréas. Elle est ensuite suivie en clinique externe par le Dr Bergeron et celle-ci subira une chirurgie le 2 novembre 2007.

«La patiente subit une ablation de la queue du pancréas ainsi que de la rate, alors que la lésion se trouve à la tête du pancréas, note le Conseil de discipline dans son jugement rendu le 29 mars. De plus, la lésion à la tête du pancréas ne nécessitait aucune chirurgie. Autrement dit, le 2 novembre 2007, la patiente a subi inutilement une chirurgie importante»,

Devant le Conseil de discipline, le Dr Bergeron a mentionné avoir communiqué avec une consœur radiologiste avant de procéder à la chirurgie. Cette dernière lui aurait dit «que la lésion était à gauche, ce qui l'a amené à conclure qu'elle se situait à la queue du pancréas».

Un pattern du médecin

La syndique adjointe du Collège des médecins Dre Danielle Bourret a affirmé qu'«il y a un pattern chez l'intimé [Éric Bergeron]. L'intimé ne regarde pas le dossier. Il s'agit d'un problème récurrent chez lui».

Il s'agit, selon Dre Bourret, d'un «manque de jugement et de grossière négligence».

«L'intimé est capable d'ouvrir un abdomen sans avoir fait l'investigation nécessaire, sans regarder les données de la patiente; c'est un manque de jugement et c'est hors du commun», ajoute-t-elle.

Toutefois, le Dr Bergeron a démontré des remords devant le Conseil de discipline. Celui-ci a mentionné qu'«il a été démoli de réaliser qu'il a pratiqué une chirurgie inutilement» et qu'il a depuis modifié sa pratique. Depuis l'événement, il s'assure d'avoir le dossier du patient entre les mains et opère toujours en présence d'un assistant du début à la fin de chaque chirurgie.

Comme le Dr Bergeron a «failli au fondement même de la médecine» et qu'«il est important de ne pas banaliser ce genre de comportement, car la violation des règles de l'art est une infraction grave», le Conseil radie Dr Bergeron pour une période de quatre mois à compter du 3 mai.

Le conseil a toutefois précisé que «n'eut été du témoignage et [du] repentire de l'intimé, des sanctions plus sévères auraient été envisagées».

Le Centre intégré de santé et service sociaux (CISSS) de la Montérégie-Centre a préféré ne pas commenter le dossier.