Un patrimoine à préserver

Il a beau être courtier immobilier, Olivier Maurice se réjouit peu lorsqu'une église est vendue. Loin de s'en prendre aux fabriques plus souvent qu'autrement forcées de vendre, il déplore les fonds insuffisants que le gouvernement du Québec consacre à la préservation du patrimoine bâti, religieux ou non.
«Il faut préserver nos bijoux de patrimoine», insiste le courtier immobilier, citant le cas de la bibliothèque Saint-Sulpice à Montréal, pour lequel, heureusement, le gouvernement s'est rétracté et s'est résolu à ne pas vendre.
Récemment, Québec a annoncé que le programme d'aide financière à la rénovation de lieux de culte sera élargi et inclura les églises modernes jugées exceptionnelles. Ainsi, les églises cotées A, dites «incontournables», construites après 1945 seront admissibles au programme initialement réservé aux églises bâties avant 1945 et classées en vertu de la Loi sur le Patrimoine culturel.
Au diocèse Saint-Jean-Longueuil, deux églises s'ajoutent ainsi aux 18 bâtisses patrimoniales admissibles.
Une bonne nouvelle, oui. Mais qui vient avec un bémol, nuance Olivier Maurice. «Il y a plus de "joueurs" qui se partagent la tarte, mais la tarte reste la même.»
Le ministère de la Culture a accordé 10 M$ à ce programme en 2015-2016. Une somme consistante, mais qui demeure en-deçà des besoins, selon Olivier Maurice. L'économe diocésain Paul De Leeuw partage cet avis.
De ce 10 M$, 2 M$ étaient répartis à la Montérégie, divisée en trois diocèse. À Saint-Jean-Longueuil, cela se traduisait par une aide de 550 000$, pour deux projets de restauration.
«On le prend, c'est certain. On est content, mais ce sont des peanuts!», lance M. De Leeuw.
Par exemple, pour effectuer la réfection du toit de l'église Saint-Isidore, une partie de la subvention paiera 70% du projet et le 30% restant sera déboursé par la communauté.
D'ailleurs, l'annonce lancée en grande pompe par le ministère de la Culture le 9 mai dernier dévoilant 1,5 M$ accordés à la Montérégie pour soutenir sept projets de restauration de bâtiments à caractère religieux et deux projets de restauration d'œuvres d'arts a quelque peu surpris M. De Leeuw.
«Il n'y a rien de nouveau là-dedans, ça fait six mois qu'on est au courant. C'est une somme incluse dans le 10 M$ de départ.»
Parmi les projets touchés, deux concernent le Diocèse: la réfection du toit de l'église Saint-Isidore, qui bénéficiera d'une somme supplémentaire de 383 862$, ainsi que l'église Sainte-Marguerite de Blairfindie, à Saint-Jean-sur-Richelieu, qui recevra une aide de 129 761$ pour les travaux de restauration de la maçonnerie, de portes et des fenêtres.