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Un plongeon qui a tout changé

le mardi 19 janvier 2021
Modifié à 11 h 40 min le 21 janvier 2021
Par Katherine Harvey-Pinard

kharvey-pinard@gravitemedia.com

Un plongeon. C’est tout ce qu’il aura fallu pour que la vie de William Montpetit change du tout au tout, le 20 juillet 2020. En une fraction de seconde, le Longueuillois de 19 ans s’est retrouvé quadraplégique. Six mois après le tragique événement, Le Courrier du Sud s’est entretenu avec le résilient jeune homme. L’année 2020 avait pourtant bien commencé. Avant son accident, William venait tout juste de terminer son Diplôme d’études professionnelles pour être préposé aux bénéficiaires. Grand sportif, il jouait au football en plus de faire du taekwondo. «Ç’est un choc de me dire que je ne pourrai plus jamais faire ce que j’aime», mentionne-t-il. Et ce, à cause de cette journée de juillet. «J’allais me baigner chez une de mes amies avec quatre autres amis. On a mangé, on a commencé à se baigner. J’ai fait deux ou trois plongeons, ça allait bien», se souvient William Montpetit. «J’ai décidé de faire un plongeon… olympique, disons, poursuit-il. Je suis parti à courir, j’ai sauté droit avec les mains dans le dos. Ma tête est la première chose qui a cogné dans le fond.» Dès lors, ses membres ont cessé de fonctionner d’un seul coup. Incapable de bouger, William s’est noyé. «Je me souviens de tout, relate-t-il. Quand j’étais dans le fond de l’eau et que j’ai réalisé que plus rien ne bougeait, j’ai commencé à paniquer, mais je ne pouvais pas remonter. Je voyais juste le ciel. Je pensais à ce qui allait arriver, au fait que ça n’allait pas bien finir. J’ai commencé à avaler de l’eau et je suis juste parti.» Complications [caption id="attachment_106779" align="alignright" width="444"] William Montpetit[/caption] Dans les minutes qui ont suivi, les amis de William l’ont sorti de l’eau et l’ont réanimé. En route vers l’hôpital, son cœur a cessé de battre à nouveau dans l’ambulance. À l’Hôpital Charles-Le Moyne, une résonance magnétique et un rayon X ont permis de constater que sa colonne vertébrale était cassée et sa moelle épinière, endommagée. Il a été transféré à l’Hôpital du Sacré-Cœur, à Montréal, où on l’a opéré. De plus, en raison de la noyade, ses poumons étaient endommagés. Les médecins l’ont donc plongé dans le coma pendant près de 14 jours. William a ensuite fait une pneumonie et une embolie pulmonaire. Il a donc été placé aux soins intensifs pendant neuf semaines. «Ce n’était pas agréable ben ben!» lance le jeune homme, qui a bon ton au bout du fil. Aujourd’hui, William est paralysé des orteils au haut de son torse. Ses épaules et ses bras bougent, sans triceps. Ses poignets ne sont fonctionnels qu’à 50% et ses doigts demeurent immobiles. Les semaines qui ont suivi sa sortie de l’hôpital, en septembre, le résident de l’arr. de Saint-Hubert était incapable de regarder son propre corps.

«Au début, je demandais à mes propres parents de me tuer, de faire quelque chose pour arrêter tout ça.» -William Montpetit
«Je me disais que je n’étais plus moi-même, que la personne que j’étais était morte dans la piscine quand je me suis noyé, souffle-t-il. J’étais fâché contre tout le monde, je m’apitoyais sur mon sort.» «J’apprends à vivre avec» William a passé 13 semaines au Centre de réhabilitation Gingras-Lindsay, à Montréal, où des intervenants lui donnent des trucs pour se déplacer et développer son autonomie. «Je ne suis plus la même personne, laisse-t-il entendre. Mon corps a complètement changé. Je ne pense pas que je vais un jour l’accepter, mais j’apprends à vivre avec.» Après un congé de trois semaines pour les Fêtes, il est retourné au Centre le 12 janvier et y passera les prochains mois. Il souhaite être autonome et ne plus dépendre de ses parents, qui sont devenus des proches aidants du jour au lendemain. 22 000$ Une amie de la famille Montpetit a lancé une page Go Fund Me, Ensemble pour William, afin d’amasser de l’argent qui servira à adapter la demeure de William. Jusqu’à maintenant, près de 22 000$ ont été récoltés. «Ça me prouve qu’il y a beaucoup de monde qui est là pour moi, sur qui je peux compter», dit William. Il espère d’ailleurs être en mesure d’avoir un chien Mira. «J’adore les animaux. Si ce chien-là pouvait m’aider à rendre ma vie plus facile, ce serait un plus», ajoute-t-il.    

Un appel «qu’aucun parent ne veut recevoir»

La mère de William, Chantal Bouchard, se souviendra toujours de cet appel, le 20 juillet. «C’est un appel qu’aucun parent ne veut recevoir», dit-elle d’entrée de jeu. «Quand on a eu le diagnostic, c’est le cas de le dire, les bras nous ont tombé, relate-t-elle. C’était un gros choc. On ne s’attend pas à ça en se levant un matin.» Tous les jours au cours des derniers mois, mis à part lorsque les restrictions reliées à la COVID-19 les en empêchaient, Mme Bouchard et le père de William, Marc-Anthony, ont visité leur fils au Centre de réhabilitation. «On savait qu’il était fort, mais il nous a surpris. Un coup passé le moment où il a réalisé que ses jambes ne fonctionneraient plus, son père et moi lui avons dit : tu as le choix, laisser tomber ou avancer, raconte-t-elle. Un coup qu’il a décidé d’avancer, il n’a jamais reculé.» William progresse à un rythme impressionnant, affirme Mme Bouchard. «Il fait des miracles pour ses déplacements et tout. C’est un battant», soutient-elle. Elle mentionne d’ailleurs qu’il a été approché pour faire partie de l’équipe paralympique de rugby. Un projet «motivant» pour le jeune homme.