Un ralentissement plutôt qu’une récession… pour l’instant
À force de prédire un événement donné, on contribue à modifier les comportements de telle sorte qu’il finit par se produire. On appelle ça une «prophétie autoréalisatrice» (self fullfilling prophecy). C’est exactement ce qui risque de se passer pour cette fichue récession dont il est si régulièrement question dans les médias. Arrivera-t-elle ou pas? Tout ce qu’on peut dire avec certitude, c’est que cette fois-ci, c’est plus la politique que l’économie qui est en cause. Objectivement, l’économie ne va pas mal, en Amérique du Nord tout au moins. Le marché de l’emploi est solide, l’inflation est faible, il y a une hausse graduelle des salaires, les ventes au détail sont soutenues; autant de facteurs positifs. Mais les vents de la politique, eux, sont nettement moins favorables. Le climat est malsain. Les menaces réciproques de représailles commerciales entre les États-Unis et la Chine tiennent toute la planète en haleine. Surtout qu’on ne sait pas vraiment ce que Donald Trump a en tête, ni à quelles impulsions il obéit dans ses <@Ri>tweets<@$p> à répétition. S’il fallait que cette escalade de menaces se poursuive, tôt ou tard, l’économie mondiale va en pâtir. De gros projets d’investissement seront suspendus. Et le Canada n’y échappera malheureusement pas. Un exemple? La Chine veut recommencer à surtaxer de 25% les voitures américaines importées. L’industrie automobile canadienne serait inévitablement touchée. Le Québec aussi, puisqu’on trouve ici quelque 115 fournisseurs de pièces, de pneus, de radiateurs, d’accessoires de toutes sortes… Sans compter toute notre production d’acier et d’aluminium dont une bonne partie se retrouve sur les chaînes de montage. Qu’est-ce que ça pourrait signifier dans la vie de tous les jours? Au minimum, un sérieux ralentissement qui finirait par se répercuter sur la vie quotidienne. Même si en principe, on se répète, ça ne devrait pas logiquement se produire. L’attitude à prendre en attendant que passe la tempête? Être prudent sans arrêter de vivre pour autant. Il se peut que les taux d’intérêt baissent. Il se peut que le marché de l’habitation faiblisse lui aussi. Il se peut tout autant que notre machine à créer des emplois connaisse des ratés ou, pire, que des entreprises se voient forcées de mettre des travailleurs à pied du fait de ce ralentissement. Pour l’instant, c’est lui le mot avec un «R» à craindre: ralentissement. Pour le reste, il faut espérer que Donald Trump et les Chinois finissent par retrouver un semblant de réalisme.