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Un révérend au service des citoyens

le mercredi 23 décembre 2015
Modifié à 0 h 00 min le 23 décembre 2015
Par Annick Oligny

annick.oligny@tc.tc

RELIGION. L'Église anglicane aborde sa pratique d'un angle différent de ce que les catholiques – majoritaires au Québec – ont l'habitude de voir. Marié et père de famille, le révérend de l’église St. Mark, Richard Gauthier, a choisi cette branche de la religion parce qu'elle répondait mieux à ses valeurs personnelles.

À l'âge de 16 ans – pour les bonnes ou les mauvaises raisons, comme il aime le dire –, Richard Gauthier a été attiré par le ministère.

«À la blague, j'admets que lorsque je voyais la beauté des presbytères, je me disais que c'était là que je voulais vivre! Les raisons qui m'attiraient à la base ont cheminé avec le temps et aussi avec ma volonté de fonder une famille. Je dirais que je suis moins impressionné par le spectacle liturgique et aujourd'hui, une cathédrale ne m'impressionne plus.»

La remise en question et l'autocritique font partie du processus de réflexion qui a mené le révérend vers sa pratique actuelle, qui lui permet de s'habiller en civil et de s'asseoir avec les fidèles durant les célébrations.

«Nous prenons les textes du jour et nous discutons, dit le révérend. Les textes sont des détonateurs qui nous permettent de parler de nos convictions et de nous écouter et de s'enrichir les uns les autres. De cette manière, je trouve que l'eucharistie donne un sens. C'est moins magique, moins dans un vase clos où ça pourrait avoir lieu sans nous. Nous devenons parties prenantes et c'est plus actif et respectueux de la personne. Le but est que la personne ait son propre cheminement.»

Transmettre la foi différemment

À Toronto, où il a pratiqué plusieurs années, le prêtre était assigné à un quartier défavorisé et sa pratique était alors adaptée à la perception de la religion des Canadiens anglophones. De retour au Québec, en 2012, il a dû ajuster son style à la population, abandonnant du même coup le col romain, moins bien perçu ici.

Afin d'expliquer cette réalité, il fait référence à une phrase de l'auteur longueuillois Jacques Ferron qui affirmait que «le prêtre québécois est plus québécois que catholique».

«Le peuple québécois a quelque chose d'indépendant, comme les Amérindiens. Ici, les prêtres font corps avec le peuple. Si je pouvais résumer ce que je pense être la spiritualité québécoise, si elle existe, je dirais qu'ici, on essaie de réconcilier sur terre, et le ciel et la terre. C'est peut-être pourquoi Noël parle tant aux Québécois. Noël représente l'incarnation de Dieu parmi nous, dans l'épaisseur de notre monde.»

Un homme avec de multiples fonctions

La pratique du révérend à Longueuil n'est qu'une infime partie de son emploi du temps, puisqu'il est aussi en charge d'église à Granby, Rougemont et Saint-Paul-d'Abbotsford.

Au sein du Diocèse de Montréal, Richard Gauthier porte le chapeau de francophone de l'organisation et devient une référence. «Je suis un peu celui qui rappelle à mes collègues anglophones que certaines choses sont différentes au Québec, comparativement au Canada anglais, et que s'ils veulent être compris, ils doivent parfois s'y prendre différemment.»

Finalement, il fait partie d'un comité de réflexion avec les Jésuites, qui se penche sur l'avenir de la pastorale au Québec, en plus de terminer son deuxième doctorat à l'Université de Toronto.