Un salaire de près de 100 000$ pour son beau-fils Alexandre Plante

POLITIQUE. Pour une deuxième fois en deux semaines, le maire de Brossard est visé par des allégations de favoritisme envers des membres de sa famille. Cette fois, l'opposition officielle accuse Paul Leduc d'avoir permis à son beau-fils Alexandre Plante d'obtenir une position enviable au conseil municipal, lui qui détient le plus grand nombre de responsabilités de tous les conseillers.
Ses nombreuses fonctions supplémentaires rémunérées au sein du conseil font passer son salaire de base de 26 129$ à 99 026$. Le principal intéressé n'est pas surpris des vagues provoquées par son salaire, qu'il croit cependant justifié.
Seul conseiller de l'opposition à l'hôtel de ville de Brossard, Antoine Assaf accuse le maire Paul Leduc de faire preuve de népotisme.
«Le népotisme, c'est donner des faveurs à des gens qui sont proches de soi, explique-t-il. C'est clair que M. Plante est favorisé par rapport aux autres.»
Une accusation réfutée par le conseiller en question, qui considère avant tout être là où il est parce que les citoyens l'ont d’abord élu et que les autres conseillers ont su lui faire confiance lors de l'attribution des postes sur différents comités.
Alexandre Plante se défend d'avoir profité d'un lien familial avec le maire. «J'ai été élu par mon monde et ce n'était pas une cachette que Paul Leduc était le mari de ma mère. Les citoyens m'ont témoigné leur confiance sans l'implication de ma mère ou autre. Les comités qui me sont alloués m'ont été attribués de manière légitime.»
Appelé par le Brossard Éclair à commenter la situation, Paul Leduc n’avait pas retourné nos appels au moment de mettre sous presse.
Des comités lucratifs
Aucun autre conseiller municipal de la Ville n'a droit à une aussi généreuse rémunération, considérant que Pierre Jetté est le mieux payé après Alexandre Plante, avec 56 535$ de salaire. Le maire empoche pour sa part 122 998$ pour son rôle de premier citoyen.
Alexandre Plante participe ainsi à trois comités municipaux ou d’agglomération, en plus de siéger au Réseau de transport de Longueuil (RTL) et à la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), alors que les autres conseillers ne collabore qu’à deux comités chacun.
À elle seule, sa participation au comité du Réseau de transport de Longueuil (RTL) permet à Alexandre Plante de bonifier ses revenus de 31 200$.
Selon les calculs du Brossard Éclair, le salaire du conseiller représente 1,15$ par citoyen annuellement, soit le double des autres conseillers.
Selon Antoine Assaf, le choix d'Alexandre Plante pour certains comités est simplement incompréhensible compte tenu du manque d'expérience de ce dernier dans certains domaines.
«Les autres conseillers ont toutes sortes de diplômes et de qualifications et ils sont là depuis au moins deux mandats. Ils ont une bonne connaissance de leur ville. M. Plante n'est pas le conseiller le mieux qualifié pour gérer tous ces dossiers», croit-il.
Questionné à savoir pourquoi il siège sur les comités les mieux rémunérés, le conseiller se défend en affirmant avoir revendiqué des tâches selon ses groupes d'intérêts.
«Nous siégeons tous sensiblement au même nombre de comités et la raison pour laquelle je me retrouve avec les transports et l'aménagement est parce que ça rejoint mes champs d'intérêt et mes aptitudes», soutient-il.
Tâches allouées à chacun
Alexandre Plante explique qu'à chaque début de mandat, les élus sont dirigés vers les comités qui les intéressent et que lors de la séance de conseil municipal suivante, un vote est fait pour que les membres du conseil approuvent la distribution de tâches.
«En 2013, après les élections, on a voté à l'unanimité en faveur des tâches qui m'ont été allouées. Je ne vois pas pourquoi c'est un problème pour l'opposition aujourd'hui, alors qu'ils ont voté pour il y a 2 ½ ans», fait remarquer M. Plante.
Mais selon la professeure de l'UQAM spécialisée en pratiques municipales Danielle Pilette, au sein des réunions du parti du maire, il est probable que ce dernier influence directement ou indirectement les membres du parti. Le maire peut aussi user de son droit de veto lors des décisions, qui lui donne un pouvoir illimité de blocage législatif et qui aurait pu jouer en la faveur d'Alexandre Plante.
Inégalité entre les districts
Danielle Pilette croit de plus qu'une telle inégalité dans la répartition des tâches est plutôt rare et que cette forte représentation d'Alexandre Plante dans les comités provoque une influence inégale entre les citoyens de son district et les autres.
«En considérant qu'il a beaucoup de responsabilités, ça provoque une concentration de l'influence du secteur qu'il représente en comparaison aux autres citoyens», explique la professeure.
Mme Pilette affirme toutefois qu'en cas de parti au pouvoir majoritaire comme à Brossard, il n'est pas rare de voir les conseillers de l'opposition mis de côté lors de l'attribution des comités, comme c'est le cas avec Antoine Assaf, et anciennement Steve Gagnon, qui n'avaient aucune tâche supplémentaire.
Description des tâches d'Alexandre Plante
Salaire de conseiller municipal: 26 129$
Maire suppléant du 17 février au 12 mai: 659$
Commission environnement et aménagement (agglo): 3500$
Comité des priorités (ville): 7031$
Comité consultatif d'urbanisme (ville): 7031$
Communauté métropolitaine de Montréal: 7500$
Réseau de transport de Longueuil: 31 200$
Allocation de dépenses: 15 976$
Total des revenus: 99 026$