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Une élection « clés en main » n'a rien de négatif selon Fatima Houda-Pepin

le lundi 20 février 2017
Modifié à 0 h 00 min le 20 février 2017
Texte du Brossard Éclair

JUSTICE. L'ex-députée Fatima Houda-Pepin s'est défendue d'avoir voulu porter atteinte à la réputation du maire de Brossard Paul Leduc en affirmant que ce dernier offrait une élection «clés en main» à Gaétan Barrette.

Mme Houda-Pepin témoignait vendredi dans le cadre de la poursuite en diffamation intentée par M. Leduc contre elle et l'ex-maire Alphonse Lepage. Selon elle, le terme «élection clés en main» n'aurait pas de connotation négative dans le contexte d'une élection provinciale.

«Une élection clés en main, c'est simplement une situation où un candidat-vedette arrive dans un comté où il n'est pas connu et où le parti lui fournit une équipe de bénévoles et des ressources pour se faire élire», a-t-elle affirmé devant la juge Chantal Sirois.

Elle a ajouté qu'elle-même a bénéficié d'une élection «clés en main», selon sa définition, lors de sa première victoire électorale en 1994.

«Je n'avais pas beaucoup de contacts localement. Le parti m'a fourni des ressources pour me faire élire. Ce n'est pas honteux, ce n'est pas illégal», a-t-elle lancé.

Mme Houda-Pepin a fait la distinction entre une élection de ce type et les élections «clés en main» au niveau municipal, tel que décrits lors de la Commission Charbonneau. Lors des témoignages de la Commission, on a notamment appris que des entreprises comme Roche s'occupaient d'organiser des campagnes électorales en échange de juteux contrats.

Rappelons que Mme Houda-Pepin s'est plainte de l'implication de conseillers municipaux de Brossard dans la campagne de son opposant, Gaétan Barrette, lors de la dernière élection provinciale. Elle a alors accusé le maire d'organiser la campagne de M. Barrette à partir de l'hôtel de ville, lui offrant ainsi une élection «clés en main».

Elle l'a aussi accusé d'avoir utilisé un prête-nom pour acheter un billet pour un événement de financement qu'elle organisait et auquel M. Leduc n'était pas invité.

En contre-interrogatoire, l'avocat de M. Leduc, Me Rafaël Primeau-Ferraro, a attaqué de front l'argumentaire de Fatima Houda-Pepin. Il a notamment produit des articles de journaux montrant l'embarras dans lequel s'est retrouvé le député de Chomedey Guy Ouellette en 2013.

Gilles Cloutier, un ex-employé de la firme Roche qui s'est lui-même décrit comme un spécialiste des élections «clés en main», avait alors dit devant la Commission Charbonneau que le Parti libéral du Québec lui avait demandé d'organiser la campagne de M. Ouellette en 2007. M. Ouellette l'a congédié pendant la campagne lorsqu'il a appris à qui il avait affaire.

«Si l'expression "clés en main" n'a rien de négatif au provincial, alors pourquoi, en 2013, on s'est acharné à dire qu'il n'y avait pas eu d'élection "clés en main" à Chomedey?», a lancé Me Primeau-Ferraro.

Les témoignages de la défense se poursuivent jeudi au palais de justice de Longueuil.