Culture

Une œuvre du génie québécois : le pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine

le mardi 18 octobre 2022
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Louis-Hippolyte-La Fontaine, 1967. Collections de BAnQ. Photo : Gabor Szilasi.

Dans le rétroviseur 
Une collaboration spéciale de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ)

Par Mireille Lebeau, archiviste à BAnQ 

Les cérémonies officielles entourant l’inauguration du pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, qui relie Montréal à la rive sud du Saint-Laurent, ont lieu le samedi 11 mars 1967, soit quelques semaines avant l’ouverture de l’Exposition universelle de Montréal. Outre les nombreux automobilistes impatients d’utiliser cette nouvelle voie rapide, des centaines de personnes assistent à l’événement. Parmi les invités et dignitaires se trouvent notamment le chef de l’opposition officielle du Québec, Jean Lesage; l’évêque auxiliaire de Montréal, Mgr Paul Grégoire; le coordonnateur du chantier, Roger Leblanc; le maire d’Ottawa, Jules Morin; le premier ministre du Québec, Daniel Johnson; et le maire de Montréal, Jean Drapeau.

Le projet de pont-tunnel remonte à octobre 1960, alors que les gouvernements fédéral et provincial signent une entente pour la construction d’une section de la route Transcanadienne sur le territoire québécois qui reliera l’Ontario à Rivière-du-Loup. Le projet est officiellement lancé en mai 1962, et le chantier débute le 15 juillet 1963.

Quelques semaines plus tard, environ 300 familles de Longue-Pointe sont expropriées ou relocalisées, malgré les protestations et les manifestations. La démolition de l’église Saint-François-d’Assise et du presbytère de Longue-Pointe a lieu au printemps 1964. Pour les concepteurs du projet, ces expropriations et démolitions sont un moindre mal : la construction d’un pont suspendu aurait défiguré le paysage et détruit non seulement le quartier entier de Longue-Pointe, mais également une partie de la ville d’Anjou.

Louis-Hippolyte-La Fontaine, 1967. Collections de BAnQ. Photo : Adrien Hubert.

La conception de l’ouvrage routier relève d’une société conjointe d’ingénieurs-conseils regroupant les firmes Brett & Ouellet, Lalonde & Valois (Lavalin) et Per Hall et associés. L’option d’un pont-tunnel – le plus grand tunnel sous-marin au Canada – est privilégiée considérant les coûts et la complexité de construction d’un pont qui aurait enjambé la voie maritime du Saint-Laurent. D’une longueur de 1,5 kilomètre et d’une profondeur de 24 mètres, le tunnel sous-marin rejoint un pont de près de 460 mètres de longueur situé sur l’île Charron. La pente du tunnel s’incline à 4,5 %, et trois tubes le composent : deux pour la circulation automobile sur trois voies, et un troisième qui assure l’aération du tunnel. Deux tours de ventilation, situées aux deux extrémités de l’ouvrage, sont reliées aux ensembles tubulaires.

La construction du pont-tunnel n’a jamais empêché la navigation sur la voie maritime. Elle a généré environ 600 emplois réguliers et fait travailler plus de 2500 ouvriers au plus fort du chantier. De nos jours, environ 130 000 véhicules empruntent quotidiennement cette portion de la route Transcanadienne qui la relie à l’autoroute 40. Le pont-tunnel a été nommé en l’honneur de l’homme politique Louis-Hippolyte La Fontaine (1807-1864), né à Boucherville.

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Panneau d’inauguration, 1967. Collections de BAnQ. Photo : Adrien Hubert.