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Victimes de préjugés, les amateurs d'armes ?

le mardi 09 mai 2017
Modifié à 0 h 00 min le 09 mai 2017

ÉVÉNEMENT. Le Salon des amateurs d'armes, qui se tient à la Place Desaulniers depuis des décennies, devra bientôt déménager, la  démolition du bâtiment étant prévue en 2018.

Alors que l'événement accueillait des milliers de visiteurs à Longueuil ce samedi, les organisateurs et représentants de l’Association des collectionneurs d’armes du Bas-Canada (ACABC) faisaient part au Courrier du Sud de la difficulté de trouver un nouveau lieu d'exposition en raison de préjugés tenaces à leur encontre.

L'association, qui compte 650 membres dans la province et organise six événements par année, avait déjà dû quitter l'île de Montréal en 1989 à la suite des mesures prises après la tuerie de Polytechnique. Les amateurs d'armes s'étaient alors installés sur la Rive-Sud.

Difficile de trouver un lieu

Le responsable de la publicité du Salon, Pierre Gagné, a entamé plusieurs démarches auprès des municipalités de la Rive-Sud.

«Ce n'est vraiment pas facile, témoigne ce dernier. Je me bats actuellement avec la Ville de Brossard pour que nous puissions exposer au Paladium. Le propriétaire est d'accord, mais la Ville semble réticente. On nous explique qu'il y a un problème de zonage, mais d'autres événements se tiennent  là-bas. On garde espoir.»

Le représentant de l'ACABC pense que les préjugés non fondés envers les collectionneurs d'armes contribuent à entretenir une mauvaise perception de leurs activités.

«Nous sommes mal perçus par la population de façon générale, alors que nous n'avons jamais eu un seul problème, déplore-t-il. Il n'y a jamais eu d'événement malheureux et nous avons des mesures de sécurité très strictes. La plupart des gens ne savent pas vraiment qui nous sommes. Pour nous, l'arme est un objet de collection comme les autres et elle a beaucoup d'autres utilités que de tirer sur le monde. Elle raconte aussi une partie de notre histoire.»

Des collectionneurs comme les autres

Dans ce Salon, on retrouve des collectionneurs d’armes modernes et historiques, des chasseurs, des amateurs de tir sportif ou d'accessoires militaires. Le prix de ces armes varie de 100$ à 50 000$. Les amateurs peuvent vendre ou acheter ces objets qui revêtent souvent une valeur affective.

C'est le cas pour André Ouimet, 71 ans, passionné d'armes et d'Histoire depuis ses 20 ans. Sur son étale, des livres de la bataille des plaines d'Abraham, des articles de troc avec les autochtones datant de la Compagnie de la Baie d'Hudson, des fusils du 17e siècle… Tout un trésor de guerre!

«Ce n'est pas une question de prix, mais d'amour, assure le retraité. Je pourrais vendre plusieurs pièces de ma collection, mais certaines n'ont pas de prix. Quand on pense que c'est un officier qui tenait ça dans ses mains», explique-t-il, l'air songeur, en effleurant un fusil datant de 1660.

Comme pour la plupart des 150 exposants qui participent à ces événements, M. Ouimet est un habitué de longue date et y vient en famille.

«J'ai toujours suivi mes parents dans ces guns shows, explique son fils Marc, âgé de 33 ans. Malheureusement, beaucoup de gens mélangent les choses et ont des a priori. Ici, c'est un peu comme un mini-musée avec des passionnés d'Histoire et des amoureux d'armes anciennes. Il y a un grand respect pour l'Homme. Le problème, c'est que l'on met tout le monde dans le même panier.».

Une philosophie des armes

Pour l'ex-président de l'Association des sports de tir du Canada, membre de l'ACABC et directeur de la sécurité du Salon, Steve Torino, il faut dédiaboliser les amateurs d'armes.

«J'ai une passion pour l'aspect historique, scientifique et technique des armes, explique l'armurier, qui a également été conseiller pour les Nations unies sous le gouvernement Harper. Savoir pourquoi cette arme a été faite, ce qu'elle a représenté dans l'Histoire, mais aussi les leçons que nous pouvons en tirer… Il y a une vraie philosophie derrière tout ça. Il ne faut pas oublier que l'arme a permis de maîtriser la violence, assure ce dernier. Et c'est pourquoi les questions de réglementation des armes et de sécurité sont au centre de nos préoccupations.»

L'ACABC rappelle d'ailleurs sur son site internet qu'elle œuvre pour la défense des droits des propriétaires d’armes à feu québécois, à la manière des grandes associations américaines telles que la National Rifle Association (NRA).

Trois événements auront encore lieu à la Place Desaulniers. Ensuite, les représentants espèrent que leurs démarches pour trouver un nouveau site sur la Rive-Sud aboutiront.

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