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Ville Jacques-Cartier : déclaration d’amour à une ville disparue

le mercredi 08 mai 2024
Modifié à 10 h 18 min le 09 mai 2024
Par Sylvain Daignault - Initiative de journalisme local

sdaignault@gravitemedia.com

Pour remédier au manque d’école, une salle de billard avait temporairement été utilisée comme salle de classe à Ville Jacques-Cartier. (Photo tirée de Ville Jacques-Cartier, haute en couleur, p. 30)

 

 

C’est au Café Théo que la Société historique et culturelle du Marigot (SHCM) a procédé ce jeudi 2 mai au lancement de Ville Jacques-Cartier, haute en couleur un ouvrage qui renferme des témoignages de résidents de cette ancienne municipalité devenue partie intégrante de Longueuil en 1969.

Une cinquantaine de personnes étaient réunies pour découvrir l’ouvrage de 77 pages rempli de témoignages et abondamment illustré qui rappelle les 22 années d’existence de cette municipalité ouvrière fondée en 1947 en pleine crise du logement.

Dans son mot de remerciement, le président de la SHCM, Michel Fragasso, souligne que Ville Jacques-Cartier a été «un laboratoire sociologique du syndicalisme, du militantisme, du progressisme et de la cause souverainiste».

Santé, éducation, loisirs, le livret couvre plusieurs thèmes dont l’économie avec l’omniprésence des commerces de proximité à cette époque.

Projet de longue haleine
Le projet d’un livre sur Ville Jacques-Cartier a démarré en 2017 à l’occasion du 70è anniversaire de fondation de la municipalité. Une quarantaine de témoignages d’anciens résidents de cette ville totalisant plus de 135 heures d’entrevues ont été recueillis. On peut visionner certains de ces témoignages sur le site internet de la SHCM.

Responsable de ce projet de 2017 à 2021, Louise Levac est revenue sur les ennuis rencontrés en cours de route, notamment la pandémie de COVID-19 qui a forcé les tout le monde à se réinventer. À partir de 2022, Joëlle Perron-Oddo a mené le projet à terme à la suite du départ de Mme Levac, aujourd’hui au cabinet de la mairesse de Longueuil. 

Lors de sa fusion avec Longueuil, Ville Jacques-Cartier représentait 80% de la superficie de la nouvelle ville. (Photo tirée de Ville Jacques-Cartier, haute en couleur, p. 77)

Identité locale
Conseiller municipal du secteur, Carl Lévesque y est allé d’un hommage bien senti à l’importance de l’histoire locale et de la valeur du patrimoine modeste urbain. « Permettre aux gens de se réapproprier l’histoire de leur quartier, c’est important. Fatima, Bédarville, Ville Jacques-Cartier, Montréal-Sud, Le Moyne… il y a plein d’identités locales qui mériteraient d’être mises en valeur.»

De son côté, la mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, a réitéré l’importance que son administration apporte au patrimoine. «Pour savoir où l’on va, il faut savoir d’où l’on vient!» 

La mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, feuilletant l’ouvrage peu après son arrivée au lancement. (Photo Le Courrier du Sud – Sylvain Daignault)

Témoignages

Invités à prendre la parole, des participants ont raconté de croustillantes anecdotes de leur enfance dans Ville Jacques-Cartier. «La première fois que je suis allée au cinéma, c’est au théâtre Vox pour voir King Kong. J’ai eu si peur que je n’y suis jamais retournée», de lancer France Pellerin qui se souvient aussi avec nostalgie de l’ouverture en 1957 du Centre commercial Jacques-Cartier – le premier centre du genre sur la Rive-Sud – construit sur un ancien champ de course de chevaux. «J’allais au Woolworth avec ma mère. J’adorais tourner sur les tabourets du comptoir-lunch. Mes pieds ne touchaient pas par terre.»

De son côté, Gerry Rodrigues se souvient du temps où, avec d’autres enfants du coin, il allait ramasser des fraises dans les champs de l’usine Raymond à Montréal-Sud. «On nous payait une cenne le casseau! Et quelquefois, il y avait de mémorables batailles de fraises!»

Roger Bernier, lui, se rappelle les étranges lumières qui émanaient de l’usine Drummond Welding sur la rue Joliette. «C’étaient des soudeurs qui travaillaient. Mais nous, le soir, on pensait que c’étaient des extraterrestres!»

M. Bernier se souvient aussi d’avoir fréquenté une école dans une maison privée de la rue Marquette avant de fréquenter l’école Lambert-Closse. «On n’avait pas de salle de bains.»

Pour Jean-Guy Campeau, Ville Jacques-Cartier, c’est toute son enfance. «Je suis demeuré au 1116, Nobert. Je livrais le journal L’Écho des Monts. On n’avait pas le contrat du Courrier du Sud. J’étais payé un demi-sou par journal. Je livrais aussi le Montréal Matin que je payais 35 sous pour six jours et que les clients payaient 40 sous.»

Avec cet argent gagné durement, M. Campeau a pu défrayer les coûts reliés à son inscription à l’Externat classique de Longueuil. 

Les gens présents ont continué à échanger souvenirs et anecdotes avant de recevoir chacun une copie du livret.   

La Ville de Longueuil lancera prochainement des parcours thématiques sur Ville Jacques-Cartier via l’application mobile Explorez Longueuil à partir des informations recueillies par la Société historique et culturel du Marigot.