Votez Bougon : vivement leur retour à la télé

Quand on transpose une série télé au cinéma, le public s’attend à plus gros, plus fort, plus intense. Les Bougon ont été transposés de bien belle façon sur grand écran par le réalisateur de La Grande Séduction, Jean-François Pouliot, mais sans transcender la famille de profiteurs la plus connue du Québec.
Il faut néanmoins accueillir cette nouvelle mouture avec joie. Consacrer un long-métrage d’une 1h37 équivaudrait à avoir produit sept épisodes ou l’équivalent d’une saison télé des aventures de l’entourage de Paul et Rita Bougon. On comprend que le scénario n’aurait pas couvert toute cette histoire où le patriarche de la famille se lance en politique, mais ça aurait fait l’affaire.
Les textes de François Avard, Jean-François Mercier et Louis Morissette, toujours aussi grinçants, ont à nouveau retransmis le regard cynique que porte la population sur la classe politique et la société qu’elle dirige.
Cette fois, au lieu de souligner à grands traits les travers de l’actualité, les aventures de la famille Bougon se sont fait ouvrage d’anticipation. Une anticipation empreinte d’une grande lucidité puisque, depuis la parution du film, les prédictions du scénario se sont réalisées au grand dam de tout le monde. Le scénario a été écrit durant la course à la présidence américaine.
Ici, le ras-le-bol général de l’électorat a certainement influencé les auteurs dans leur travail. Chose certaine, la première du film précédait de quelques jours l’aboutissement d’un scénario encore plus surréaliste chez nos voisins du sud.
La performance des acteurs est solide, mais il y a aussi quelques faiblesses qui minent le résultat final. Le film ne s’est pas assez servi du média qu’il empruntait pour nous raconter les Bougon, mais il a certainement réussi à nous faire rêver à un retour de la bande à Rita Bougon au petit écran.