Première séance du conseil houleuse à Longueuil

Le discours de la nouvelle mairesse Sylvie Parent lancé en début de séance du conseil municipal ce mardi, appelant à la collaboration, ne semble pas avoir été entendu. Les premiers moments auront été particulièrement houleux, alors que l’ajout d’un point à l’ordre du jour concernant le conseil d’administration du Réseau de Transport de Longueuil (RTL), la nomination des membres des différentes commissions et même la disposition des élus dans la salle du conseil ont causé de la bisbille. «Nous avons l’obligation de travailler ensemble, dans l’harmonie, et de prendre des décisions dans l’intérêt des citoyens, a affirmé d’emblée Mme Parent. Pour que Longueuil poursuive sa lancée, nous devons nous entendre.» Rappelons que les élus de l'opposition forment la majorité (neuf élus de Longueuil Citoyen et un d'Option Longueuil), contre cinq conseillers d'Action Longueuil, parti de Mme Parent. Le conseiller municipal de Longueuil Citoyen Michel Lanctôt a été nommé président du conseil. Une demande d’amendement proposée par le conseiller Éric Beaulieu suggérait que cette nomination soit prise en considération seulement pour cette première séance et que la décision puisse être réévaluée à la prochaine séance. Comité exécutif : appels manqués Deux sièges demeurent vacants au sein du comité exécutif, alors que Sylvie Parent avait annoncé plus tôt dans la journée la nomination d’Éric Beaulieu et de Monique Bastien. Elle disait vouloir offrir les deux autres postes aux deux autres partis représentés au conseil. Longueuil Citoyen reproche à Mme Parent d’avoir contacté individuellement certains membres élus de l’équipe et de leur avoir proposé de siéger au comité exécutif, à la condition de devenir indépendant. Le chef de l’opposition officielle Xavier Léger, tout comme la chef de Longueuil Citoyen et nouvelle chef de cabinet de l’opposition officielle Josée Latendresse, en marge de la séance, ont affirmé avoir tenté de communiquer depuis lundi avec Mme Parent. Leurs appels sont restés sans réponse. Durant la séance, Mme Parent a indiqué que les appels avaient été faits au mauvais numéro. «J’ai le même numéro de cellulaire et la même adresse courriel depuis huit ans. On ne m’a jamais contactée.» [caption id="attachment_42767" align="alignnone" width="521"] La mairesse Sylvie Parent[/caption] «On a vraiment hâte de s’asseoir pour discuter et développer un modus operandi», a assuré Josée Latendresse, en entrevue après la séance du conseil. Concernant les appels, ils ont été faits au cabinet de la mairesse. M. Léger a rappelé qu’il était faux de dire que tous les conseillers de l’opposition avaient été approchés pour faire partie du comité exécutif. «C’est une personnalité type, qui décide de dire la vérité, dire des mensonges, raconter des histoires. Diviser pour mieux régner, évoque-t-il à propos de Mme Parent. On va collaborer avec plaisir dans le futur.» L’opposition a en effet proposé la création de nouveaux comités et espère pouvoir en discuter avec les élus d’Action Longueuil. Nominations à saveur partisane? L’opposition semble avoir profité de sa majorité pour imposer la composition des membres de la Commission des finances et des ressources humaines de la ville. La proposition initiale a été écartée et celle présentée par le conseiller d’opposition Jacques Lemire comptait six élus, doublant ainsi le nombre de membres de la Commission. En revenant à la formule auparavant appliquée, M. Lemire dit favoriser le partage des idées. «On avait proposé un élu par arrondissement, un élu par parti, pour une représentation équitable, a fait valoir Sylvie Parent. En 2009, on avait revu notre façon de faire, ce qui avait entraîné une économie de 1 M$ par année en réduisant le nombre de participants. Il faut faire très attention que ce soit dans l’intérêt de la population. Je ne suis pas sûre, vraiment pas sûre.» Malgré le vote, la majorité a adopté cette nouvelle composition. Ainsi, Xavier Léger, Jonathan Tabarah, Nathalie Boisclair, Benoît L’Écuyer, Robert Myles et Éric Beaulieu (seul élu d’Action Longueuil) siégeront à cette Commission. Après la séance du conseil, Josée Latendresse a avancé en entrevue que s’il en coûte plus cher d’ajouter des membres à la Commission des finances, la Ville pourrait «économiser des millions de dollars» en y nommant des gens issus de chacun des partis, dont un expert finance élu avec Longueuil Citoyen. «Une Commission de trois personnes pour décider de 405 M$, c’était irresponsable», clame-t-elle. Scénario semblable pour l’agglomération Au moment de nommer, à l’Agglomération, les membres de la Commission du budget, des finances et de l’administration représentant la municipalité centrale, l’opposition a une fois de plus suggéré une nouvelle liste de conseillers, qui ne comptait cette fois aucun membre d’Action Longueuil. «En 2009, la mairesse était minoritaire, elle disait qu’il fallait travailler main dans la main, a rappelé Jacques Lemire. Quand le parti est devenu majoritaire en 2013, ni M. Poitras, ni M. Myles, ni moi ont pu siéger aux comités. Et là, on nous fait la morale! » Ce à quoi Éric Beaulieu a répondu que l’opposition préférait «regarder dans le rétroviseur plutôt que dans le pare-brise. Nous, on veut regarder en avant. C’était d’une équité incomparable, ça nous obligeait à travailler ensemble. Là, on veut bulldozer les comités.» La joute verbale s’est poursuivie, M. Lemire précisant que les membres de l’opposition sont «des membres de la majorité». Bien que les élus d’Action Longueuil s’y soient opposés lors du vote, la Commission du budget sera formée de Xavier Léger, Jonathan Tabarah, Nathalie Boisclair, Steve Gagnon, Jacques E Poitras et Robert Myles. Par la suite, Mme Latendresse a défendu ces choix en précisant qu’il s’agit de personnes «pressenties pour jouer des rôles clés dans chacune des commissions d’agglomération. On a jasé ensemble, pendant une journée, et on a regardé les intérêts de chacun.» «Ç’a été discuté en groupe, a poursuivi M. Léger. Et c’est ce qui nous distingue. Ce n’est pas une seule personne qui discute avec une autre. Chacun a manifesté ses intérêts, on a distribué de cette façon.» Nominations hâtives au RTL Dans un ajout à l’ordre du jour, le conseiller de l’opposition Jacques Lemire a proposé que les conseillers d’opposition Jonathan Tabarah, Nathalie Boisclair, Jacques E. Poitras, Jacques Lemire, Jean-François Boivin et Robert Myles siègent au sein du conseil d’administration du RTL. Benoît L’Écuyer avait demandé cet ajout à l’ordre du jour en début de séance, rappelant que deux des membres du CA du RTL n’avaient pas été réélus à la dernière élection. Après plusieurs discussions, les documents auront été présentés à l’ensemble des élus. «Je tiens à préciser à la population que la nomination des membre du RTL [proposée par l’opposition] ne compte aucun membre d’Action Longueuil», a indiqué Sylvie Parent, après consultation du document. Monique Bastien a aussi évoqué une nouvelle disposition de la Loi sur les cités et villes, à l’effet que les ajouts sont permis, mais que les élus doivent recevoir la documentation nécessaire à la prise de décision 72 heures à l’avance, à moins d’une situation exceptionnelle. «Le directeur général du RTL est à l’aise d’attendre le prochain conseil pour la nomination des membres du CA. […] Le CA est très bien en mesure de fonctionner», a-t-elle ajouté. Elle a de plus précisé que cela ne pouvait constituer qu’une orientation à formuler au conseil d’agglomération, qui devra se prononcer sur ce point. Selon M. L’Écuyer, la demande de nommer immédiatement de nouveaux membres au CA est justifiée, spécifiant que le RTL sera appelé à adopter prochainement un budget. Il a par ailleurs évoqué le règlement interne du conseil de ville, qui permet les ajouts avant le début des séances. Après la séance du conseil, Josée Latendresse a réitéré que des enjeux importants commandent que le conseil d’administration soit rapidement fonctionnel. Chaises musicales? La séance du conseil a débuté avec ce qui s’est apparenté à un jeu de chaises musicales. À l’instant où Michel Lanctôt a pris place au siège de président du conseil, le chef de l’opposition officielle Xavier Léger a demandé que soit ajournée la séance, afin de revoir la disposition des élus dans la salle du conseil. À l’exception des membres du comité exécutif Monique Bastien et Éric Beaulieu entourant la nouvelle mairesse, les conseillers étaient disposés en ordre alphabétique, et non de part et d’autre de la salle selon leur parti politique, comme c’était le cas par le passé. M. Léger souhaitait retrouver la disposition habituelle. «On nous a accusé dans le passé de partisannerie débordante, a répliqué Éric Beaulieu, d’Action Longueuil. On a placé les chaises en ordre alphabétique pour créer une plus grande communion, amener une façon de travailler plus collégiale. On n’est pas au parlement.»