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La Halte du coin, plus qu’un refuge, un milieu de vie

le mardi 14 décembre 2021
Modifié à 0 h 00 min le 11 décembre 2021
Par Yanick Cyr

ycyr@gravitemedia.com

Réjean en discussion avec Mme Bernier. Fiston s’apprête à donner un «fist-bump» à M’man. (Photo: Le Courrier du Sud – Denis Germain)

Paul, François, Fiston et M’man… Chacune des personnes qui fréquentent la Halte du coin à Longueuil a son histoire, unique. «Ça peut arriver à tout le monde», soutient Mme Bernier, qui vit au refuge pour personnes en situation d’itinérance depuis quelques semaines.

«Disons que j’ai trop fait confiance à quelqu’un», souffle Mme Bernier, les yeux scrutant ses souvenirs. «J’ai beaucoup appris de cette expérience, poursuit-elle sans amertume. J’en retire du positif.»

La dame âgée de la soixantaine a récemment trouvé un appartement et quittera le refuge dans quelques semaines. «Je vais être dans mes affaires. On est bien ici, mais ce n’est pas chez nous», confie-t-elle.

«Hey M’man!»

Le jeune homme qui vient interrompre Mme Bernier en s’accroupissant devant elle, c’est Réjean. Mme Bernier lui retourne la familiarité en l’appelant affectueusement «Fiston». «Je l’ai adopté», confie-t-elle en souriant.

Fiston confie à Mme Bernier qu’il s’est trouvé un emploi. Il arrosera des patinoires pour l’organisme La Croisée. Réjean est venu à la Halte pour se rapprocher de son fils qui habite les environs.

«Je suis en processus pour récupérer des heures de visites», explique-t-il, les yeux brillants.

De son côté, Paul, rédige une affiche à l’intention du premier ministre du Québec, François Legault, dans l’éventualité où il aurait la chance d’être interviewé à la caméra.

«Un huissier est venu me dire que j’avais cinq jours pour quitter mon logement de Saint-Jean-sur-Richelieu», confie-t-il.

Incapable de se reloger dans l’intervalle, Paul a entassé l’essentiel de ses possessions dans un sac et il s’est amené à Longueuil dans l’espoir de trouver un toit.

Paul a trouvé une ressource pour tenter de vaincre un problème de consommation. En plus de travailler sur sa dépendance, il s’assure d’avoir un toit au-dessus de la tête pour les trois prochains mois.

Quant à François, un homme dans la cinquantaine qui semble un peu plus aigri, il profite de l’enthousiasme de Mme Bernier. Cette dernière et Émilie Daigle, l’agente RÉSO du Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL) assignée au secteur, l’ont un peu brassé au cours de l’avant-midi.

«T’as toujours le choix François», lui souligne l’agente Daigle. «Tu ne peux pas toujours rester ici», renchérit Mme Bernier. Leurs encouragements portent leurs fruits, puisque François décide finalement d’aller visiter une chambre dont un de ses amis lui a parlé.

Un peu en retrait, le directeur général de la Halte du coin, Nicholas Gildersleeve, observe ses ouailles. Il connaît chacun d’entre eux et un peu de leur histoire. «C’est pas l’idéal pour François d’être ici, confie-t-il. Mais pour l’instant, c’est tout ce qu’il a. Il traîne son sac et c’est toute sa vie.»

M. Gildersleeve et son équipe accompagnent les usagers dans leurs démarches de réinsertion, lorsque ces derniers sont prêts à le faire. «S’il y a des démarches à faire avec on va les faire à leur rythme», dit-il.

«S’ils veulent simplement venir ici pour se réchauffer et discuter, avoir une communauté où ils se sentent accepter, c’est correct, poursuit-il. Ce sont des êtres humains avant tout. On veut créer des liens. On est là dans un accueil inconditionnel.»