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Le boul. Sainte-Foy redeviendra chemin du Coteau-Rouge

le mardi 10 mai 2022
Modifié à 16 h 34 min le 11 mai 2022
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Depuis environ 1730 jusqu’en 1957, cette artère est-ouest, située entre le chemin de Chambly et le boul. Taschereau, portait le nom de chemin du Coteau Rouge. (Photos: Le Courrier du Sud - Denis Germain)

Longueuil redonnera au boulevard Sainte-Foy son nom d’origine, soit chemin du Coteau-Rouge. La Ville annoncera aujourd’hui ce «premier pas» qui s’inscrit dans une volonté de revitaliser l’artère commerciale, mais aussi de mettre en valeur le patrimoine modeste de ce quartier de l’ancienne Ville Jacques-Cartier.

La proposition sera soumise au conseil d’arr. du Vieux-Longueuil, le 10 mai, puis à la séance ordinaire du conseil de ville, le 17 mai.

«En tant que jeune équipe – jeune en âge, et nouvelle arrivée  – , c’est particulièrement important de ne pas oublier le patrimoine, l’histoire de nos parents, grands-parents, voire de nos arrière-grands-parents», exprime Carl Lévesque, conseiller municipal du district Coteau-Rouge et président du comité de toponymie.

Passionné de l’histoire longueuilloise, celui qui a toujours habité Longueuil avoue avoir toujours été attristé de voir comment ce patrimoine «n’était pas toujours mis en valeur» dans sa ville. 

«Nos archives sont dans une usine de filtration des eaux... Je trouve que [ce changement de nom] envoie un signal que le patrimoine est important pour notre équipe. C’est un premier mouvement en ce sens qu’on fait.» 
-Carl Lévesque, conseiller municipal

Identité forte

M. Lévesque s’est aussi dit peiné de constater que  le chemin du Coteau-Rouge est le seul patronyme à avoir disparu parmi les cinq chemins qui figuraient sur la carte Murray de 1761, soit Saint-Charles, chemin de Chambly, Bord-de-l’Eau, de Gentilly et chemin du Coteau-Rouge.

(Photo: Graciesueté)

«C’est dommage, parce que ça représente une identité forte qu’il y avait dans le quartier», expose-t-il.

Aujourd’hui district municipal, Coteau Rouge était un quartier de Ville Jacques-Cartier, cette municipalité fusionnée à Longueuil en 1969.

Bien que les frontières de ce qu’était à l’époque Coteau Rouge n'aient jamais été véritablement définies, les gens s’y identifiaient beaucoup et «le chemin de Coteau Rouge y était pour beaucoup», estime l’élu.

«La débrouillardise et la solidarité, je crois que c’est ce qui caractérisait Coteau Rouge, cible le conseiller. Toutes ces histoires des gens qui construisaient leurs maisons à partir de rien. C’étaient des pionniers.» 

De ces petites maisons modestes caractéristiques du quartier de Coteau Rouge, certaines ont été rafistolées au fil des années. «Des maisons un peu hétéroclites, mais super chouettes», témoigne-t-il, alors qu’il importe à ses yeux de préverser ce patrimoine ouvrier.  

L’équipe de Catherine Fournier n’est pas la première à vouloir ce retour aux origines pour le boulevard Sainte-Foy. L’historien Michel Pratt avait approché l’administration de Claude Gladu avec cette idée, dans le cadre des Fêtes du 350e de Longueuil en 2007. En guise de compromis, trois affiches rappelant l'ancien nom avaietn été installées. En 2011, la proposition avait été adoptée au comité de toponyme, mais ne s’était jamais matérialisée.

« Il s’agit de l’une des nombreuses histoires faisant partie de notre héritage collectif, et cette histoire mérite d’être racontée, commémorée,  a soutenu la mairesse Catherine Fournier, mardi. Non seulement elle s’inscrit dans le patrimoine de Longueuil, mais elle représente également tout un pan de celui du Québec que nous nous devons d’honorer.»

Catherine Fournier, entourées des élus Marjolaine Mercier, Carl Lévesque et Jonathan Tabarah. (Photo: Gracieuseté)

Revistaliser, à nouveau

C’est ironiquement habité d’une volonté similaire à celle de ceux qui ont débaptisé le chemin du Coteau-Rouge en 1957 que l’administration Fournier opère ce changement de nom: redynamiser l’artère commerciale.

«Ça n’allait pas déjà super bien avant la COVID. Il y avait déjà un certain nombre de commerces qui étaient placardés. Ça ne s’est pas amélioré, concède M. Lévesque. On veut redynamiser, revitaliser certaines artères commerciales qui ne vont pas bien, comme Sainte-Foy. On veut créer une image de marque, qui est harmonisée avec l’histoire du quartier. Ça se veut une première étape.»

Porte-à-porte

Jeudi dernier, M. Lévesque avait déjà rencontré environ 70 commerçants pour leur annoncer cette initiative du conseil. Sa collègue Marjolaine Mercier, conseillère municipale du Le Moyne-de Jacques-Cartier a aussi fait du porte-à porte.

«Ça été relativement bien reçu. Beaucoup de gens sont heureux, et il faut l’avouer, il y a aussi de l’indifférence, témoigne-t-il. Mais des commerçants pas contents, vraiment défavorables, il n’y en a qu’un seul. Pour plusieurs, selon la nature du commerce, ça signifie beaucoup de travail.»

Le conseiller assure que le changement de nom s’effectuera graduellement. 

M. Lévesque demeure confiant que la proposition sera bien reçue au sein de la population. Catherine Fournier avait prononcé cet engagement en campagne et la proposition a depuis été discutée avec les trois sociétés d’histoire du territoire.

L'opération s'effectuera pratiquement à coût nul, selon la Ville, car certains panneaux devaient être changés. 

 

Retour aux origines

Depuis environ 1730 jusqu’en 1957, cette artère est-ouest, située entre le chemin de Chambly et le boul. Taschereau, portait le nom de chemin du Coteau-Rouge. 

«Coteau Rouge, historiquement, était extrêmement pauvre et le chemin n’avait pas bonne réputation», relève Carl Lévesque.

Des commerçants avaient donc fait pression auprès du conseiller de Longueuil-Annexe Lorenzo de Foy, pour que son odonyme soit modifié. 

«C’est probablement la pire erreur de l’histoire de la toponymie à Longueuil, s’insurge Carl Lévesque. Je ne sais pas si, à l’époque, ils étaient conscients de combien de temps dans l’histoire ils effaçaient.»

Le nom «Coteau Rouge» fait référence à la topographie du lieu, plus élevée que la côte sur le fleuve, et à la couleur des «atocas», mot d’origine autochtone désignant la canneberge.

 

75 ans de Ville Jacques-Cartier et Mackayville

Le 10 mai marque le 75e anniversaire de Ville Jacques-Cartier et de Mackayville, deux municipalités fondées en 1947, qui ont été plus tard fusionnées à d’autres quartiers pour constituer la ville de Longueuil.

Ville Jacques-Cartier a été fusionnée à Longueuil en 1969, ce qui a quintuplé le territoire de la ville de l’époque.  Mackayville, renommée Laflèche en 1959, a été annexée à l’ancienne ville de Saint-Hubert en 1971.

ille Jacques-Cartier regroupait les districts actuels de Fatima-Parcours-du-Cerf, du Parc-Michel-Chartrand, d’Antoinette-Robidoux, du Boisé-du Tremblay, de Georges-Dor, des Explorateurs et partiellement ceux de LeMoyne-Jacques-Cartier et de Coteau-Rouge.

Mackayville se trouvait sur le territoire du district actuel de Laflèche.