Culture

Lise Dion retire la burqa de son spectacle

le jeudi 25 juin 2015
Modifié à 0 h 00 min le 25 juin 2015
Texte du Brossard Éclair

La burqa et la femme afghane ne figurent plus dans le spectacle de Lise Dion Le temps qui court. Celle-ci les a retirées après les attentats de Charlie Hebdo, parce qu'elle avait peur de s'attirer les foudres de musulmans intégristes.

Lise Dion porte la burqa sur scène depuis 2005, lorsqu'elle l'a utilisée pour une série de gags mémorables dans son deuxième spectacle, Lise Dion en tournée. Elle a repris le concept dans Le temps qui court, un spectacle qu'elle produit depuis 2011.

Les attentats contre le magazine satirique Charlie Hebdo ont toutefois changé la donne.

«Ça ne me tente pas de mourir pour l'humour», a candidement affirmé l'humoriste, en entrevue au Brossard Éclair.

Celle-ci affirme avoir vécu de l'intimidation de la part d'un homme qui l'accusait de se moquer de l'Islam.

«J'ai un mandat de faire rire le monde, pas de faire de la politique. Quand j'ai vu les événements à Paris, je me suis dit que j’allais laisser faire la femme afghane.»

Un besoin d’épurer le spectacle?

Après l'entrevue, l’attachée de presse de Lise Dion a rappelé le Brossard Éclair pour préciser que le sketch avec la burqa n'avait pas été retiré par peur de représailles, mais plutôt parce que le spectacle devait être épuré.

«Mme Dion l'avait déjà fait avec son deuxième spectacle, alors elle trouvait que c'était redondant», affirme l'attachée.

En Europe, de nombreux commentateurs ont critiqué l'autocensure pratiquée par bon nombre d'artistes et d'organismes culturels depuis les attentats de Charlie Hebdo. Des médias tels que Libération et Radio France International ont dressé des listes d'exemples d'autocensure, qui comprennent l'annulation d'expositions, la modification d'affiches publicitaires et le retrait de films traitant du terrorisme.

Le Brossard Éclair a tenté d'obtenir un commentaire de la Ligue des droits et libertés et de l'Association des professionnels de l'industrie de l'humour. Au moment de mettre sous presse, les deux organismes n'avaient pas répondu à nos appels.

Un spectacle rempli d'émotions

Lise Dion s'attend à ressentir beaucoup d'émotions lorsqu'elle présentera son spectacle Le temps qui court à l'Étoile Banque Nationale, du 25 au 28 juin. Il s'agira alors des quatre dernières représentations de ce spectacle qui tourne depuis 2011.

En 3 ans et demi, Lise Dion en a fait des spectacles. Au total, elle aura vendu 399 000 billets pour son troisième one woman show. «C'est pas tout à fait 400 000, mais on y est presque!», affirme-t-elle en riant.

L'humoriste compte bien faire rire son public, mais elle n'exclut pas quelques larmes en cette fin d'épopée.

«Chaque tournée est émouvante à la fin. Tu vis avec le même monde pendant plusieurs années alors quand le spectacle est fini, c'est triste. C'est probable que je vais pleurer un peu.»

Mme Dion compte souligner l'événement en privé, avec l'équipe qui l'accompagne depuis le début.

Troisième triple platine

Mme Dion peut se targuer d'être une des humoristes les plus populaires du Québec, à en croire les chiffres de ventes des trois spectacles qu'elle a montés jusqu'à présent. Chacun des trois a été certifié triple platine pour avoir vendu plus de 300 000 billets.

Elle est la seule humoriste québécoise à avoir atteint ce plateau aussi souvent.

«C'est vraiment un honneur pour moi, affirme-t-elle. C'est comme gagner une triple médaille d'or aux Jeux olympiques.»

Mme Dion, qui aura 60 ans cette année, estime que son succès s'explique par sa proximité avec les gens.

«Mon humour leur ressemble beaucoup. Ils se reconnaissent dans plein de situations», explique-t-elle.