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Pôle de mobilité Tisserand: un projet sans débarcadère d’autobus est retenu

le mardi 14 juin 2022
Modifié à 14 h 25 min le 16 juin 2022
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Doreen Assaad (Photo: Le Courrier du Sud - Denis Germain)

Une version allégée du pôle de mobilité temporaire Tisserand a été adoptée à majorité par les élus de Brossard à la séance du 14 juin. Le débarcadère d’autobus a été retiré, pour ne conserver qu’un dépose-minute pour voitures, plus petit que celui du projet initial. Les arrêts d’autobus de l’avenue Tisserand seront ainsi maintenus sur rue.

Cette proposition de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), qui a été refaite à la demande de la Ville à la suite des critiques et inquiétudes des résidents du secteur T, répond «à la grande majorité des demandes des citoyens», estime la mairesse Doreen Assaad, en entrevue au Courrier du Sud, quelques heures avant la séance du conseil.

«C’est impossible que tous les éléments [soulevés par les citoyens] soient répondus à 100%», a-t-elle toutefois reconnu.

Le débarcadère d’autobus qui devait prendre place dans le stationnement de la Place Portobello a ainsi été rayé des plans. Quant au dépose-minute, il a été limité à six places.

Mme Assaad a réitéré qu’aucune ligne d’autobus supplémentaire du Réseau de transport de Longueuil ne serait ajoutée aux deux déjà existantes sur l’avenue Tisserand. Les autobus d’exo transigeront directement à la station Panama, ou encore à la station de Brossard.

«C’est un dossier complexe, car il y a beaucoup de joueurs. Ce n’est pas un chantier de la Ville, mais on guide nos partenaires.»

-Doreen Assaad

Enjeu de sécurité

Rappelons que ces aménagements permettront d’assurer un accès ouest à la station Panama. Un tunnel piétonnier est déjà aménagé sous le viaduc de l’autoroute 10 et un sentier devra être aménagé.

«Le tunnel est là pour de bon et il faut assurer un accès sécuritaire, a soutenu Mme Assaad, rappelant que la majorité du trafic passera par la station Panama. Avec cette proposition, on offre un minimum pour assurer la sécurité.»

«On pense que le soir, ça se peut que des personnes voudront attendre quelque part pour aller chercher quelqu’un qui revient du REM, a-t-elle ajouté. On ne veut pas que les gens stationnent dans les rues.»

Surtout, la mairesse a insisté sur le caractère temporaire du pôle de mobilité. Une telle installation devait être pensée d’ici l’inauguration du REM sur la Rive-Sud. Les projets de développement du secteur, dont ceux de First Capital Realty, propriétaire du centre commercial, n’étant pas encore connus, la solution permanente viendra plus tard.

Selon la Ville, des études évaluant les nuisances émises par ce pôle – ce qui correspondait à une des demandes des résidents du secteur – ne semblent peu nécessaires, alors que le stationnement est déjà très utilisé.

La mairesse assure que les citoyens seront partie prenante des prochaines démarches. «On va continuer à informer, a-t-elle indiqué. Et après cette adoption, ce n’est pas vrai que rien ne va se faire. C’est un concept, ça reste à être développé.»

Pour l’«intérêt des citoyens»
Avant que ne soit détaillé ce scénario, plusieurs résidents sont venus demander à l’administration municipale de tenir compte de la forte opposition au pôle de mobilité et renoncer à ce projet.

«Je voudrais que soit respecté l’intérêt des citoyens, pas ceux de First Capital, du REM et de l’ARTM. Il n’y a pas une acceptabilité sociale de cette situation. La preuve, c’est la pétition avec des centaines de signatures.»

Un résident de la rue Turner

Certains ont demandé à nouveau que des études d’impacts soient réalisées et que des capteurs détectant le bruit et la pollution soient installés, afin de mesurer les répercussions du dépose-minute.

Une citoyenne a aussi déploré que les deux consultations survenues au cours des derniers mois ressemblaient davantage à des «présentations».

«Les résidents veulent la paix et la tranquillité dans nos rues, a témoigné le citoyen Rénaldo Louis Rodriguez. On ne veut pas des autos et taxis qui viendraient de partout. Le dépose-minute devrait se faire du côté est de la station Panama, où ça ne dérange personne. […] Ce n’est pas un caprice, mais un besoin de communauté.»

Une citoyenne a également demandé si un mur pourrait être aménagé pour assurer une certaine tranquillité aux résidents de l’avenue Tisserand. Ce à quoi la mairesse a répondu que la Ville pourrait, dans de prochaines étapes, réfléchir à certaines options, comme la plantation d’arbres ou de la verdure.

Deux voix dissidentes

Le conseiller municipal de l’opposition, et représentant du secteur T Claudio Benedetti, a voté contre la propositilon de dépose-minute.

Il critique entre autres la «précipitation» avec laquelle a agi la Ville, alors que des citoyens ont été rencontrés vendredi dernier pour leur proposer des scénarios. M. Benedetti en a été informé vendredi également.

«Nous devons allégeance aux citoyens et non à un quelconque niveau de gouvernement, ARTM et ainsi de suite. Nous sommes élus par eux pour les représenter.»

-Claudio Benedetti

Il a également déploré que les consultations s’apparentaient plus à des séances d’information, une «approche qui se répète un peu trop souvent».

«Solution temporaire dit calendrier, date… Nous n’avons pas de date ou de calendrier. Cela signifie aussi qu’il doit y avoir une solution permanente en gestation. Où est-elle? Je trouve que ça va trop vite en affaire», a-t-il également commenté.

L’élue Xixi Li s’est aussi prononcée contre, reprochant notamment un «gaspillage» d’argent dans une solution temporaire. 
 

Historique

En juin 2020, le conseil municipal de Brossard a adopté à l’unanimité une résolution réclamant à l’ARTM le maintien du caractère résidentiel de l’avenue Tisserand dans l’aménagement d’un accès ouest à la station Panama.

«Nous avons voulu montrer notre leadership, même si ce n’est pas notre chantier», a avancé la mairesse. 

En tout, c’est 11 scénarios qui ont été élaborés. Initialement, la solution proposée était de faire déboucher le sentier du tunnel dans le «coude» de l’avenue Tisserand, entre un arrêt d’autobus et l’entrée charretière d’une résidence. Une option qui semblait peu sécuritaire aux yeux de la Ville.

Le 29 mars dernier, l’ARTM a tenu une consultation virtuelle, présentant son pôle de mobilité temporaire.

Durant la consultation et à la séance du conseil du 17 avril, plusieurs résidents ont exprimé leur dissidence et ont réclamé notamment davantage d’études pour évaluer le trafic et les nuisances entourant le pôle, craignant pour la sécurité du secteur.

La Ville a retardé le moment où elle prendrait position afin qu’une deuxième consultation ait lieu. Elle s’est tenue au Centre socioculturel de Brossard, le 3 mai.

«Ça nous a permis d’aller chercher d’autres détails [dans les demandes citoyennes]», a précisé Mme Assaad.

À la séance du 17 mai, une pétition de plus de 650 noms s’opposant au pôle de mobilité tel que suggéré a été déposée. Depuis, la pétiton frôle les 800 noms. Les signataires ont entre autres soulevé l’inquiétude que la Ville se soit davantage préoccupée par les intérêts des promoteurs immobiliers que de ceux des citoyens.