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Préserver le potentiel agricole insoupçonné de la Rive-Sud

le mardi 23 avril 2024
Modifié à
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

La zone agricole de l’agglomération se distingue par sa proximité, voire son enchâssement avec les zones urbaines. (Photo: Le Courrier du Sud - Archives)

Beaucoup d’éléments du Plan de développement de la zone agricole de Longueuil (PDZA) dévoilé la semaine dernière rassurent Thierry Kobloth, du Vignoble Kobloth à Saint-Bruno-de-Montarville. À ses yeux, conserver l’intégrité de la zone agricole de l’agglomération est «le plus important».

«C’est que je vois venir, c’est que d’ici 20 ans, nous aurons besoin de ces terres, en raison des changements climatiques, de l’autonomie alimentaire. Nous devons les garder pour nos enfants et petits-enfants, qui en auront besoin», soutient M. Kobloth, qui a fait partie du comité consultatif agricole qui a émis ses recommandations pour l’élaboration du PDZA.

La zone agricole de l’agglomération se distingue par sa proximité, voire son enchâssement avec les zones urbaines.
«Le potentiel agricole du territoire de la Rive-Sud est énorme. Les gens ne s’en rendent pas compte de ce qui se fait et de ce qui peut se faire.» 

Une position qui la met à risque, étant attrayante pour le développement immobilier.

«Un problème qu’on a eu, et qu’on a encore, c’est la spéculation sur les terres agricoles. Des compagnies à numéros les achètent et attendent, en espérant que ce soit dézoné. [Avec ce plan], la mairesse Fournier a dit : «Oubliez ça, il n’y aura pas de dézonage». Ça nous rassure beaucoup, car l’un des gros problèmes est l’accessibilité de ces terres pour la relève.»

La volonté de Longueuil de favoriser la production de fruits et légumes et l’agriculture de proximité est aussi bien accueillie par M. Kobloth.
Rapidement dans la discussion, il insiste sur les embûches qui se posent, malgré les bonnes intentions des villes, pour la protection des terres agricoles et, par exemple, leur remise en culture.

«On se bute au ministère de l’Environnement, à la CMM, à toutes ces instances», énumère-t-il.

Il évoque la Loi sur les milieux humides ou encore la modernisation de la Loi sur la protection du territoire agricole qui, avance-t-il, risque de favoriser le dézonage de certaines terres. «On va dézoner une terre de grade 7, mais ça peut être une érablière. Pourquoi est-il acceptable de couper des érables?»  

À long terme, ensemble

Constatant une bonne écoute tant de la part de la Ville de Longueuil que de celle de Saint-Bruno-de-Montarville, Thierry Kobloth rêve de l’adoption d’une vision à long terme impliquant toutes les parties prenantes pour la protection de l’intégrité des terres agricoles.

«Mon cheval de bataille, au niveau de l’Union des producteurs agricoles (UPA), c’est que l’on devrait être un exemple. Les agriculteurs, ils ont une bonne image; mais l’agriculture a une mauvaise image», compare-t-il, évoquant l’usage de pesticides et autres pratiques mal perçues.

«L’agriculture, on devrait prendre le lead en environnement, avec toutes les connaissances que l’on a et que l’on peut appliquer.»

Il rappelle que la lutte aux changements climatiques demeure néanmoins l’affaire de tous et qu’un travail de collaboration et d’accompagnement s’impose.  

«Si on compare un hectare de grande culture de soya et un hectare de gazon entretenu, l’usage de pesticides pour le gazon est plus élevé. Et ce n’est qu’esthétique, signifie-t-il. Il faut regarder un peu dans notre cour. C’est facile d’accuser tout le monde, mais on rame tous dans le même bateau en ce moment [en matière de lutte aux changements climatiques].»