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Station Longueuil–Université de Sherbrooke: aucun ascenseur prévu d'ici 2022

le mercredi 09 novembre 2016
Modifié à 0 h 00 min le 09 novembre 2016
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

MOBILITÉ. Les groupes d'usagers du transport en commun et de défense des personnes handicapées déplorent l'absence de Longueuil–Université de Sherbrooke à la liste des stations qui seront prochainement dotées d'ascenseurs, liste dévoilée par la Société des transports de Montréal (STM) en octobre.

L'annonce de la construction d'un ascenseur à la station Jean-Drapeau, qui accueille annuellement 1,5 million d'usagers comparativement aux 7,5 millions à Longueuil, ajoute à l'incompréhension, d'autant plus que ce sera l'unique station de la ligne jaune avec un tel équipement. En effet, l'ascenseur de la station Berri-UQAM n'atteint pas la ligne reliant la Rive-Sud à Montréal.

«C'est complètement ridicule de construire un ascenseur à Jean-Drapeau sans le relier ailleurs sur la Rive-Sud», estime le porte-parole de l'Association pour le transport collectif de la Rive-Sud (ATCRS), Axel Fournier. La STM devrait prévoir une connexion avec le reste du réseau, et cela passe par l’accessibilité des stations Longueuil–Université-de-Sherbrooke et Berri-UQAM. En plus, les besoins sont beaucoup moindres à Jean-Drapeau.»

L'Association des usagers du transport adapté de Longueuil (AUTAL) abonde dans le même sens.

«C'est très particulier comme situation. Ça sort de nulle part, c'est un non-sens!», lance la directrice Dominique Phalardy.

Les deux associations demandent ainsi à la STM d'aménager des ascenseurs à toutes les stations de la ligne jaune.

Moins cher et moins complexe

À la STM, on précise que le choix des 14 stations ajoutées au plan Accessibilité métro 2022 s'est fait notamment en fonction du degré de complexité d'intégration des ascenseurs et de l'équilibre pour l'accessibilité sur l'ensemble du réseau. Ces choix tiennent aussi compte des projets de maintien des actifs envisagés.

Selon le Plan de développement accessibilité universelle 2012-2015 de la STM, la complexité technique à Longueuil est faible, tout comme à Jean-Drapeau. Les coûts de construction varieraient ainsi entre 5 et 13 M$.

En comparaison, à la station Du Collège, où un ascenseur est prévu en 2018, l'achalandage atteint les 2,7 millions d'usagers par an et la complexité technique est qualifiée de «problématique». Selonla STM, l'insertion de cette station au plan d'accessibilité s'explique cependant par un projet spécial.

Problème de propriété

Un autre facteur doit néanmoins être pris en considération dans ce dossier, précise la STM.

«Comme nous ne sommes pas propriétaires de l'ensemble des lieux [à Longueuil], nous devons nous entendre avec nos partenaires», justifie la conseillère aux affaires publiques de la société de transport, Amélie Régis.

Quant à la station Jean-Drapeau, les travaux de réfection tenus l'an dernier faciliteront l'implantation d'un ascenseur, son emplacement ayant déjà été désigné. «Les ascenseurs ne servent pas uniquement aux personnes en fauteuil roulant, précise Mme Régis, mais à toutes les personnes à mobilité réduite, comme les personnes âgées ou les familles avec poussettes. D'ailleurs, beaucoup de familles circulent par cette station en raison des nombreuses activités offertes, comme La Ronde et les différents festivals.»

Trois partenaires en un lieu: une situation complexe

La situation de la station Longueuil–Université de Sherbrooke est particulière. Appartenant à la STM, elle est logée dans le 100, place Charles-LeMoyne, propriété de la Ville de Longueuil, laquelle est annexée au terminus de l'Agence métropolitaine de transport (AMT).

«Longueuil n’a jamais été approchée par la STM pour discuter de l’aménagement d’un ascenseur, avance le porte-parole à la Ville, Louis-Pascal Cyr. La Ville serait par contre tout à fait favorable à un tel projet et y collaborerait avec enthousiasme.»

Il s'agit en effet d'une avenue déjà envisagée par la Ville. Les plans de la mise en valeur du futur bâtiment du 100, place Charles-LeMoyne, élaborés en collaboration avec la Société Landmark, inclut certaines mesures favorisant l'accessibilité universelle.

«L'intégration à la structure de l'immeuble de puits verticaux où pourraient circuler des ascenseurs fait également partie des éléments à l'étude», informe M. Cyr.

À l'AMT, la conseillère principale des relations médias Fanie Clément St-Pierre ne peut confirmer si un ascenseur fait partie ou non de discussions internes. «Le fait qu'on travaille avec des partenaires complique les choses. Il faut qu'on se parle, il y a négociation.»

Efforts insuffisants

Depuis plusieurs années, le Groupement des associations des personnes handicapées de la Rive-Sud de Montréal (GAPHRSM) mène le combat pour une plus grande accessibilité de la station de métro de Longueuil, tant auprès de la Ville que du Réseau de transport de Longueuil (RTL). Le groupement a d'ailleurs collaboré comme consultant au plan de développement de l'accessibilité universelle 2012 du RTL.

«Déjà, en 1988, un groupe d'activistes handicapés manifestait pour démontrer l'inaccessibilité de la station de Longueuil. Près de 30 ans plus tard, elle ne l'est toujours pas», se désole la directrice générale, Pauline Couture.

Malgré les mesures apparues au fil du temps, comme les autobus à plancher surbaissé, Mme Couture espère davantage.

«À la station de Longueuil, on nous dit que c'est vétuste, inadéquat. On comprend, mais le dossier est assez brumeux et on n'a pas de réponse, constate-t-elle. Les enjeux sont politiques.»

L'Association pour le transport collectif de la Rive-Sud a aussi multiplié les interventions, d'autant plus que le transport adapté semble la seule avenue pour permettre aux personnes à mobilité réduite de se rendre à Montréal.

«Le Terminus centre-ville n'est actuellement pas accessible. On a demandé à ce que la ligne 170 sur le pont Jacques-Cartier le soit», fait valoir le porte-parole Axel Fournier.

La Ville de Longueuil précise que plusieurs mesures ont été aménagées à la place Charles-LeMoyne, telles que des feux sonores, des tuiles avertissantes et des plaques de métal avec relief. Le trottoir entre la place Charles-LeMoyne et la Tour SSQ a été réaménagé afin de séparer les voies piétonnes et cyclables.