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Cocktail météo et chaussées glacées: un casse-tête pour les déneigeurs

le vendredi 22 février 2019
Modifié à 15 h 55 min le 22 février 2019
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

SÉCURITÉ. Les épaisses couches de glace qui recouvrent les rues et trottoirs – gracieuseté de la météo en dents de scie des dernières semaines – donnent du fil à retordre aux équipes de déneigement. À ces conditions exceptionnelles, l’opposition de Longueuil réclame des mesures exceptionnelles. Le déneigement est l’un des sujets qui a le plus monopolisé la séance du conseil municipal du 19 février. Des employés de la Ville étaient d’ailleurs dans le hall de l’hôtel de ville afin de répondre aux interrogations des citoyens. Le chef de l’opposition Xavier Léger réclame au comité exécutif un «plan de match» pour le déglaçage des rues et trottoirs. «C’est une question de sécurité pour de nombreux citoyens dont la mobilité peut être compromise par la glace», a-t-il affirmé. Avec les changements climatiques, les villes seront de plus en plus confrontées à des conditions hors normes. «Politiquement, c’est au comité exécutif à prendre les mesures qui s’imposent et à donner à nos équipes les moyens nécessaires», a ajouté M. Léger. Dans des réponses fournies par courriel au journal, il a rappelé la création l’an dernier du comité de déneigement, à l’initiative de l’opposition, pour revoir et améliorer les pratiques. «D’ici à ce que des changements permanents puissent être apportés, nous avons quand même la responsabilité d’assurer la sécurité de nos citoyens et de prendre les mesures qui s’imposent.» Il cite en exemple l’opération d’épandage de fondant et d’abrasif «exceptionnelle» qu’a effectuée la Ville de Brossard dans les rues de niveau 3 dites écohivernales. Boucherville a aussi loué un croque-glace visant à s’attaquer aux accumulations de glace, a-t-il relevé. Le chef de l’opposition se défend de s’attaquer au travail des cols bleus, qui «font très bien ce qu’on leur demande de faire». «D’autres villes ont déjà adopté des mesures exceptionnelles, mais encore une fois, la mairesse de Longueuil est en réaction. Qu’est-ce qu’elle attend?» Abrasif supplémentaire Durant l’assemblée de conseil, la conseillère municipale Colette Éthier a demandé davantage de «compréhension». Document à la main, elle a énuméré les 15 périodes de gels et dégels qu’a connue la métropole, ainsi que les neuf épisodes de pluie hivernale depuis le début de la saison. En date du 31 janvier, les équipes avaient effectué 45 sorties pour l’épandage, alors que normalement, on compte 52 sorties pour tout l’hiver. Le conseil municipal a d’ailleurs approuvé un dépassement de coût de 57 000$ afin d’acheter 2000 tonnes supplémentaires d’abrasif. Déjà en septembre dernier, la quantité d’abrasifs avait été revue à la hausse comparativement à celle qui prévalait dans le contrat, établie selon des estimations faites en 2013. Près du tiers des quantités requises pour l’ensemble de la saison a été utilisé entre le 23 janvier et le 7 février. «Cela donne un sérieux casse-tête à nos déneigeurs, a reconnue Mme Éthier. La machinerie n’est pas toujours conçue pour faire face à la glace dans nos rues.» Pas de «solution miracle» En entrevue, la mairesse Sylvie Parent insiste: des actions sont constamment posées afin d’améliorer le déneigement. Mais face aux conditions météorologiques hors du commun, «ce qui est supposé fonctionner ne marche plus aussi bien». Elle donne en exemple les périodes de froid qui ont suivi les épisodes de pluie, rendant l’abrasif inefficace. «Ça peut sembler simple, mais ce ne l’est pas. On est à la merci de dame Nature, a-t-elle justifié. Les équipes font un très bon travail dans ces conditions.» Et ces équipes sont toujours à la recherche de solutions. Si l’opposition exige du comité exécutif un plan de match, Mme Parent précise que l’opposition n’a pas non plus proposé de «solution miracle» jusqu’ici. «Ce qu’on nous dit du côté de l’opposition, c’est que l’on veut charger la neige, on veut plus de services, plus de tout, mais d’un autre côté, on veut le gel de taxes. En ce moment, on gère la décroissance au niveau des services», a-t-elle déploré. Elle précise néanmoins que si des sommes supplémentaires doivent être accordées pour le déneigement, ce sera fait. «On ne va rien laisser au hasard.» La mairesse fait également valoir que ces enjeux sont le lot de l’ensemble des municipalités du Québec et que l’Union des municipalités du Québec (UMQ) doit se pencher sur la question des changements climatiques. Alors que d’autres précipitations sont attendues dans les prochains jours, elle rappelle aux citoyens d’être attentifs aux avis d’interdiction de stationnement.     Quelques explications Cet hiver en est un de grands écarts en matière de phénomènes météorologiques: la pluie suivie de la neige et du verglas ont côtoyé, dans de courts délais, des épisodes de redoux, donnant parfois des écarts de 20°C en une seule journée. Ces épisodes ont été principalement observés entre le 23 janvier et le 8 février. Voilà la principale raison qui complique les opérations de déneigement, fait-on valoir à la Ville. «Afin de mener une opération de déglaçage sans endommager les infrastructures et l’équipement, il faut idéalement des températures plus près du point de congélation et de l’ensoleillement», explique le porte-parole Louis-Pascal Cyr. Si certains résidents ont décrié le peu d’abrasif dans les rues, M. Cyr avance que «nous n’avons pas lésiné sur l’épandage d’abrasifs cette année». «Quant au sel, celui-ci est efficace à des températures sous les -12°C, ajoute-t-il. L’épandage de sel peut créer des nids-de-poule de glace si ce dernier n’est pas jumelé à des opérations de déglaçage.» Le 19 février, les équipes ont effectué l’épandage de tous les trottoirs et rues. Les opérations se poursuivent selon les besoins. «Nous devons répéter cette opération puisque l’abrasif pénètre dans la glace lors d’épisodes de redoux ou de présence de soleil. Nous avons profité de l’interdiction de stationnement d’hier [21 février] pour déglacer en partie les rues.» Ce sont les mêmes équipements qui servent au déneigement et au déglaçage. Ces derniers ont donc été très sollicités cette saison. Des équipements ont été ajoutés pour affronter cocktail météo prévu pour le 24 février.