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Féminicide à Candiac : « C’est assez ! »

le jeudi 11 avril 2024
Modifié à 15 h 54 min le 12 avril 2024
Par Guillaume Gervais

ggervais@gravitemedia.com

«Il est plus que temps que cette problématique sociale cesse», a clamé Jennifer-Ann Dooling, intervenante à la sensibilisation à la maison d’hébergement pour femmes La Re-Source à Châteauguay, lors d’une vigie tenue au palais de justice de Longueuil, le 11 avril. Une vingtaine de femmes se sont rassemblées en mémoire de Josianne Faucher, retrouvée sans vie deux jours plus tôt, à Candiac.

«Nous avons une égalité de droit dans notre société, mais dans les faits, sur le terrain, on voit énormément de femmes qui sont victimes de violence conjugale ou de féminicide, a indiqué pour sa part Karine Morel, directrice générale de La Re-Source. Je trouve qu’il y a une réflexion sociale et collective à faire […] en espérant que ça amène à des changements et que ça cesse.»

Mme Morel croit entre autres que la solution passe par l’éducation et la sensibilisation. D’ailleurs, elle estime que la société gagnerait à prendre part à des ateliers d’information sur les relations égalitaires et sur les violences dans les relations amoureuses donnés par des organismes.

«L’investissement gouvernemental doit être augmenté assurément, a-t-elle plaidé. Les besoins sont tellement grands. Nous sommes des organismes qui offrent cela de façon gratuite, sécuritaire, confidentielle, mais nous ne faisons pas partie des programmes scolaires.»

Les personnes présentes ont tenu une minute de silence en hommage à Josianne Faucher. (Photo : Le Reflet – Guillaume Gervais)

Mme Morel n’a pas caché sa déception lorsqu’elle a entendu la ministre de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, affirmer que les projets de maisons d’hébergement étaient «trop chers».

«Je pense qu’il n’y a pas de projet trop cher quand on parle de vie de femmes, a martelé la directrice générale. C’est sûr que ç’a d’énormes coûts comme d’autres projets, mais il faut comprendre qu’on a des besoins particuliers. On a besoin de caméras, de systèmes d’alarme, d’espaces d’intervention, de haltes de garderie et de plein d’autres services rattachés à cela. C’est faux de penser que c’est juste du logement. On manque de places dans les maisons d’aide et d’hébergement, puisque nous sommes au maximum de notre capacité.»

Pour sa collègue Claudia Lavigueur, intervenante, il est désolant qu’une femme «peut avoir peur simplement d’exister et d’être» en 2024.

«On parle beaucoup de féminicides dans les médias, mais après, il n'y a rien qui est fait, a-t-elle soutenu. On reçoit énormément de demandes de toute sorte, mais on sait qu’on ne peut pas atteindre tout le monde. L’important, c’est de savoir que les maisons d’hébergement existent et qu’elles sont là pour aider les femmes.»

Annie Flibotte, représentante du regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale, est préoccupée par le fait que les féminicides se succèdent à un rythme «extrêmement inquiétant».

«Nous avons déjà dépassé le compte de l’année passée et nous sommes seulement au mois d’avril, a-t-elle rappelé. En 2021, ce sont 17 femmes qui ont été tuées dans un cadre de violence conjugale. Nous ne voulons pas revivre ce cauchemar.»

Elle croit que la société doit redoubler d’efforts pour assurer un meilleur filet de sécurité aux femmes et estime également qu’il faut davantage de logements abordables.

«Les besoins ont explosé et on n’arrive pas à répondre à la demande, a-t-elle poursuivi. C’est un obstacle majeur pour les femmes de sortir du danger et de se mettre en sécurité.»

«Une femme qui vit de la violence conjugale est complètement privée de sa liberté.»

-Annie Flibotte