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« La gravité est redevenue mon amie », image David Saint-Jacques

le vendredi 28 juin 2019
Modifié à 10 h 14 min le 02 juillet 2019
Par Katherine Harvey-Pinard

kharvey-pinard@gravitemedia.com

Quatre jours après son retour sur Terre, l’astronaute canadien David Saint-Jacques a accordé une première conférence de presse afin de discuter de son expérience de 204 jours à bord de la Station spatiale internationale (SSI). À LIRE AUSSI: David Saint-Jacques de retour sur Terre David Saint-Jacques raconte en détails sa descente vers la Terre Le Lambertois est de retour sur Terre depuis lundi, 22h47, alors que la capsule Soyouz à bord de laquelle il se trouvait avec ses coéquipiers de la mission Expedition 58/59, l’Américaine Anne McClain et le Russe Oleg Knonenko, a atterri sans anicroche au Kazakhstan. À sa sortie de la capsule, Saint-Jacques avait des nausées et ne pouvait marcher, conséquence des six mois passés en apesanteur. «J’étais magané, admet-il d’entrée de jeu. Ce n’était pas facile. Là-bas, on se déplace nous-mêmes et notre appareil interne fini par se débrancher, si on veut.» «Rendu à une dizaine de km d’altitude, c’est un moment très violent, le parachute ouvre, relate-t-il. Boom! C’est comme à La Ronde! Ce sont des sensations qu’on n’avait pas ressenties depuis longtemps.» «C’est là qu’on se fait un high five, qu’on se dit qu’on va probablement survivre à l’entrée [dans l'atmosphère].» L’astronaute assure toutefois qu’il se sent aujourd'hui beaucoup mieux. «À chaque battement de cœur, ça va mieux, affirme-t-il. Je n’avais pas vraiment de douleur, c’était surtout des problèmes d’équilibre, j’avais de la misère à me tenir debout. Maintenant, ça va bien, j’ai même fait mes premiers essais à la course hier, mais je peux marcher correctement. Je fais quand même attention pour ne pas me mettre dans des situations dangereuses. Je préfère prendre un bain avec mes enfants plutôt qu’une douche. Les nausées sont finies, je me sens un peu la tête légère. Ça s’améliore chaque jour.» «Le retour sur Terre se passe bien. La gravité est redevenue mon amie.» Au cours des prochains jours et semaines, David Saint-Jacques agira comme cobaye dans des expériences scientifiques reliées aux effets de l’apesanteur sur le corps humain. Réunis À bord de la SSI, David Saint-Jacques pouvait parler à sa famille une fois par semaine via vidéoconférence. Mais c’était un soulagement de les prendre dans ses bras à son retour sur Terre. «J’ai eu la chance de revoir mes enfants très rapidement, on a été réunis dès mon arrivée à Houston, relate-t-il. De les voir marcher, de les prendre dans mes bras, de sentir leur poids dans mes bras, c’était une grande joie.» L’astronaute a encore de la difficulté à réaliser l’expérience qu’il a vécu. «C’est comme si les six mois que j’ai passés en orbite étaient un rêve, dit-il. J’ai de la misère à les intégrer dans ma vie. C’est comme si ma vie avant ma mission et celle après était un continuum.» À son retour, il a apprécié sentir l’odeur du foin et le vent sur son visage. «J’ai hâte de m’asseoir au chalet devant un feu de camp avec mes enfants, j’ai hâte de marcher à Montréal le soir avec plein de gens. Ça me manque, des endroits où il y a plein de monde, cet atmosphère nocturne de fête.» La descente Lors de la conférence de presse, David Saint-Jacques a raconté en détails son retour sur Terre. «Lorsqu’on embarque dans le Soyouz pour se séparer de la station, c’est le premier mouvement qu’on ressent depuis plusieurs mois, cette espèce de petit coup, explique-t-il. On voit la station qui s’éloigne doucement. Il y a du mouvement, mais on a toujours l’impression qu’on ne bouge pas, qu’on flotte.» Pendant environ une heure trente, la capsule s’éloigne de la station et les astronautes se concentrent sur leurs procédures. «Éventuellement, on oriente la capsule correctement, on allume les moteurs pendant à peu près 4 minutes juste pour ralentir, poursuit-il. Il suffit de ralentir de 1% de notre vitesse et c’est assez pour casser la courbe de notre orbite pour nous rapprocher de la Terre. C’est la première accélération qu’on ressent depuis plusieurs mois. C’est comme freiner en voiture.» Un coup dans l’atmosphère, la capsule est confrontée au vent et les astronautes commencent à réaliser à quelle vitesse ils se déplacent. «Et là, les flammèches commencent à apparaître dans les fenêtres, décrit Saint-Jacques. Ça brûle, on redevient une étoile filante. Et on se rend compte qu’on se déplace à 8 km par seconde.» «Un moment donné, je pensais que ma main était prise par une courroi, mais non. Ce n’était qu’une nouvelle sensation à réapprivoiser. On sent même la luette qui s’écrase dans le fond de la gorge.» «On s’approche du sol, c’est l’impact final. C’est un drôle de moment, de sentir cette accélération, le poids de la gravité. Un impact et là plus rien ne bouge. C’est silence. On regarde par la fenêtre et on voit l’herbe des qui brasse au vent. Wow! On est revenus sur Terre.»