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Les matières organiques de l’agglomération seront traitées à Varennes

le vendredi 15 février 2019
Modifié à 14 h 21 min le 15 février 2019
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

ENVIRONNEMENT. La Société d’économie mixte de la Couronne Sud (SÉMECS) agrandira son usine de biométhanisation afin qu’y soient traitées les matières organiques de l’ensemble de l’agglomération de Longueuil. L’Agglomération déboursera 44 M$ en frais d’immobilisations, en vertu d’une entente de 40 ans conclue entre les deux instances. À LIRE AUSSI: La biométhanisation sur les rails à Varennes La mairesse de Longueuil Sylvie Parent et le maire de Varennes et président de la SÉMECS Martin Damphousse en ont fait l’annonce officielle, lors d’une conférence de presse rassemblant de nombreux élus, le 15 février. Selon les analyses de la Ville de Longueuil, mandatée par l’agglomération, cette avenue s’est révélée financièrement plus avantageuse que la construction d’un centre de recyclage des matières organiques sur son territoire, comme il était prévu depuis 2010. Le terrain ciblé se trouvait dans la zone aéroportuaire de Saint-Hubert. Il y a neuf ans, le projet était estimé à 70 M$. L’explosion des coûts de près du double des estimations, notamment à la récente usine de Beauharnois, faisait craindre un scénario similaire à Longueuil. Le montant de 44 M$ en frais d’immobilisations représente un coût de 36,7 M$ (en dollars d’avril 2018), incluant l’indexation et les taxes. Si Longueuil va chercher le maximum de subvention du Programme de traitement des matières organiques par biométhanisation et compostage (PTMOBC) du ministère de l’Environnement, un financement gouvernemental pourrait se chiffrer à 18,6 M$. 35 000 tonnes À terme, ce sont 35 000 tonnes de matières organiques – résidus alimentaires et certains résidus verts (rognures de jardin et gazon) – qui devraient être acheminées à l’usine, dont la capacité actuelle est de 40 000 tonnes. Celle-ci traite depuis janvier 2018 les matières des MRC de la Vallée-du-Richelieu, de Marguerite-D’Youville et de Rouville. L’usine recevra aussi les matières organiques des industries, commerces et institutions du territoire. Selon ces estimations, le coût pour l’agglomération sera d’environ 150$/tonne. Les frais d’exploitation seront partagés entre Longueuil et la SÉMECS, en fonction du volume de matières traitées. La mise en service officielle de cette phase 2 de l’usine est prévue pour 2023, après une période de rodage qui pourrait commencer dans les premiers mois de 2022. Cela coïncide avec les exigences gouvernementales de mettre fin à l’enfouissement dès 2023. Entre la deuxième et la cinquième année d’opération, les municipalités doivent desservir 70% des unités d’habitation et traiter 85% des quantités annuelles de matières résiduelles organiques. Le comité exécutif de l’agglomération avait approuvé l’entente le 30 janvier, et celle-ci devra recevoir l’approbation du conseil, à la séance du 21 février. Collecte Des projets pilotes de collecte des matières organiques sont déjà en branle ou en voie d’être implantés dans les villes de l’agglomération. À Longueuil, la collecte des matières organiques a été entamée en 2017 et est actuellement assurée à 13 100 foyers. L’entente n'accélérera pas le déploiement de la collecte – qui devrait être étendue à tout le territoire en 2022. Jusqu’à 15 000 tonnes de matières par an pourront toutefois être progressivement acheminées à l’usine de Varennes dès la conclusion de l’entente. Actuellement, les matières organiques récoltées par les projets pilotes sont traitées en Ontario, au coût de 95$ la tonne. Gestion du risque Advenant que les coûts de l’agrandissement de l’usine de Varennes soient plus élevés que prévus, la SÉMECS assumera seule ces dépassements. Rappelons que la SÉMECS est le fruit d’un partenariat entre les trois MRC (27 municipalités) et le consortium privé Biogaz EG (dont le producteur de biogaz Greenfield Global et Groupe Valorrr). Malgré ce risque, cette entente est «gagnante-gagnante», selon le maire de Varennes et président de la SÉMECS Martin Damphousse. L’agrandissement permettra une mise à niveau des équipements et l’ajout de technologies. C’est aussi la SÉMECS qui tirera profit de la vente du biogaz. M. Damphousse a ciblé deux «avantages majeurs», en terme financiers, de cette offre de l’agglomération de soutenir le financement de la phase 2 de l’usine. Puisque le règlement d’emprunt vient de l’Agglomération, les termes sont plus avantageux, pour elle, sur le plan des taux d’intérêts. «Et pour les villes de la SÉMECS, c’est aussi un avantage marqué, a-t-il exposé. Nous n’avons pas à ajouter de financement sur notre endettement et notre périmètre fiscal. Ç’a été un déclencheur très important pour plusieurs maires.» Selon Mme Parent, la SÉMECS s’avère un «allié taillé sur mesure» pour Longueuil. L’entente permettra de «revaloriser des centaines de tonnes de matières organiques, de réduire l’enfouissement, de produire et vendre un fertilisant organique de qualité, contribuant à réduire les émissions de GES». Elle inscrit cette entente conclue entre l’Agglomération et la SÉMECS dans l’«ère de collaboration» qu’elle dit travailler à mettre en place.   La biométhanisation La biométhanisation est un procédé de traitement des matières organiques résiduelles par «digestion anaérobique», c’est-à-dire en absence d’oxygène. Trois sous-produits sont tirés de ce processus : le méthane, qui est vendu à Greenfield Global, voisin de l’usine; le sulfate d’ammonium, tiré de l’eau traitée et qui peut aussi être vendu; et le «digestat», un fertilisant organique, qui est épandu sur des terres agricoles, mais qui n’a pas de valeur monétaire. Longueuil se tournerait vers Varennes pour le traitement des matières organiques