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Longueuil déneigera un trottoir sur deux dans ses rues locales

le mercredi 17 juin 2020
Modifié à 18 h 09 min le 18 juin 2020
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Dès l’hiver prochain, un seul trottoir sur deux sera déneigé dans les rues locales de Longueuil, revenant à une pratique qui prévalait avant 2013. À LIRE AUSSI: La mairesse utilisera son veto pour forcer un nouveau vote sur la question Un trottoir déneigé sur deux: des organismes critiquent vivement la décision Cette façon de faire ne s’appliquera qu’à des rues résidentielles, alors que les deux trottoirs seront déneigés sur les artères principales, les corridors scolaires et toutes rues desservies par le transport en commun. Trois contrats de déneigement s’échelonnant jusqu’en 2027 étaient à l’ordre du jour de la séance du conseil du 16 juin. C’est toutefois une version amendée de ceux-ci – suggérée par le conseiller municipal Benoît L’Écuyer – instaurant le déneigement d’un trottoir sur deux, qui a été adoptée par un conseil particulièrement divisé sur la question. Au terme de longues discussions et débats par moments houleux, l’équipe de la mairesse Sylvie Parent ainsi que l’élue indépendante Nathalie Boisclair ont voté contre cette proposition, alors que les élus de l’opposition, Robert Myles et quatre élus indépendants se sont prononcés en faveur de cette nouvelle marche à suivre. Cette proposition va à l’encontre des recommandations du comité exécutif et de l’administration municipale. Avec cet amendement, la valeur totale des contrats d’environ 97 M$ se voit réduite de 4,6 M$. «Revenir en arrière» Dégager un trottoir plutôt que deux est une régression de l’offre de services aux citoyens et va à l’encontre d’un énoncé en matière d’accessibilité universelle rédigé en 2013, selon le conseiller municipal Tommy Théberge. Il s’est dit inquiet, tant pour les personnes à mobilité réduite que les enfants, élèves, travailleurs et aînés qui circuleront dans les rues. «Il y a du monde qui vit sur des rues locales!, a-t-il lancé. Deux trottoirs déneigés, c’est la moindre des choses.» La conseillère municipale indépendante Nathalie Boisclair a abondé dans le même sens, jugeant que c’est une «grave erreur que de revenir en arrière». Elle rappelle les nombreuses plaintes de personnes âgées ayant de la difficulté à sortir de leur résidence, à l’époque où la Ville employait cette méthode. Le conseiller municipal Éric Bouchard a ressorti les résultats d’un sondage mené par la Ville à l’effet que 75% des résidents sont satisfaits du déneigement et qu’au cours de la dernière année, le nombre de requêtes à cet effet à diminué de 53%, après une hausse entre 2016 et 2018. Selon lui, l’argument économique ne tient pas la route, car cela représente une diminution de coût de 5% sur 9 ans. Pour une amélioration Instaurer cette nouvelle pratique permettra d’offrir un meilleur service et de réduire le nombre de plaintes à l’égard du déneigement, a plaidé le conseiller municipal Jacques Lemire. En réduisant le nombre de trottoirs à déneiger, ceux-ci seront mieux entretenus. De plus, cela permettra de réduire la quantité de neige soufflée sur les terrains, un irritant de longue date chez plusieurs citoyens. Il a d’ailleurs suggéré une alternance du côté de rue déneigé au fil des hivers, ce qui ne semblait pas tout à fait acquis, selon les explications du directeur général de la Ville Patrick Savard. M. Lemire a aussi évoqué un sondage à l’effet que 51% des citoyens de Longueuil seraient en faveur du déneigement d’un seul trottoir dans les rues locales. «Après sept ans, le constat est que la politique de déneiger les trottoirs dans toutes les rues n’a pas amélioré le service. Il est temps d’essayer autre chose, a renchéri Benoît L’Écuyer. Un trottoir, mais un trottoir bien fait, réellement accessible à tous.» La conseillère municipale Colette Éthier a aussi soulevé que près du quart des plaintes concernant le déneigement concernaient les trottoirs. «Notre réflexion, comme élu, est de trouver des solutions constructives, efficaces, efficientes, avec les moyens que l’on nous donne.» Elle soutient que la prochaine année servira de test et que la situation pourra être réévalué dès l’an prochain, si cette méthode n'est pas concluante. Selon le directeur général, l’option de dégager un trottoir sur deux «ne veut pas dire qu’il sera mieux déneigé», évoquant les exigences aux contrats et les conditions climatiques comme facteurs pouvant influer sur la qualité du déneigement. «On ne double pas la qualité du trottoir qu’on conserve.» Le chef de l'opposition officielle a aussi soulevé l'inquiétude qu'un seul soumissionnaire conforme ait été retenu pour chacun des trois imposants contrats. «Ce n’est pas normal qu’une ville de la taille et de l’importance de Longueuil se retrouve avec si peu de soumissionnaires pour des contrats aussi importants», a-t-il relevé, espérant que le Bureau de l’inspectrice contractuelle de Longueuil examine le processus d’octroi des contrats de déneigement. Des réactions Le Regroupement des aveugles et des amblyopes du Montréal métropolitain ainsi que l’Association des usagers du transport adapté de Longueuil ont interrogé les élus et exprimé leurs inquiétudes sur cette proposition, lors de la période de questions. Dans une lettre transmise aux élus et dont le journal a obtenu copie, le président de l’AUTAL Martin Morin s’est dit «très préoccupé» à cet égard, relevant la difficulté de déplacement et de circulation pour les personnes à mobilité réduite, les personnes aînées et les personnes handicapées, si un trottoir n’est pas déneigé. «Les services de déneigement offerts par la Ville doivent être les mêmes pour les résidents des deux côtés d’une rue, mentionne-t-il. […] Cela représente une inégalité des services (pour un même paiement de taxes!) et un obstacle concret à leur mobilité, leur sécurité et leur déplacement.»