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Un trottoir déneigé sur deux: des organismes critiquent vivement la décision

le jeudi 18 juin 2020
Modifié à 12 h 08 min le 19 juin 2020
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

En ne déneigeant qu’un trottoir sur deux dans les rues locales pour les neuf prochaines années, la Ville de Longueuil considère les personnes à mobilité réduite, les personnes âgées et les enfants comme «des citoyens de seconde zone sur le dos desquels il est facile de faire des économies», accusent dans une lettre ouverte neuf organismes et associations. À LIRE AUSSI: La mairesse utilisera son veto pour forcer un nouveau vote sur la question Cette décision aura des impacts majeurs sur l’ensemble des citoyens, mais risque de mettre en danger les personnes à mobilité réduite, les enfants et les personnes âgées, craignent les organismes, dont l’Association des aveugles de la Rive-Sud et le Groupement des Associations de Personnes Handicapées de la Rive Sud. À la séance du conseil municipal du 16 juin, elle a été approuvée par les élus de l’opposition, quatre élus indépendants et Robert Myles. «A-t-on pensé à la personne ayant une limitation visuelle qui devra traverser sa rue en son plein milieu pour avoir accès au trottoir de l’autre côté ? Qu’arrive-t-il à la personne qui utilise le transport adapté et dont le trottoir en face de sa résidence n’est pas déneigé? questionne-t-on, dans la lettre. Que dire de la personne utilisant un fauteuil roulant manuel ou une aide à la mobilité motorisée qui devra accéder au trottoir d’en face sans être certain d’avoir rapidement un bateau pavé pour monter ledit trottoir?» De l’avis des signataires, déneiger un trottoir plutôt que deux dans les rues locales ne se traduira pas par une hausse systématique de la qualité du déneigement; un argument mis de l’avant par les élus ayant défendu cette position. «C’est à la Ville de Longueuil de s’assurer du respect d’un standard de qualité», disent les organismes. Des actions réclamées Les signataires demandent à la Ville de revenir sur sa décision, afin que tous les trottoirs soient déneigés cet hiver et lors des années subséquentes. Des initiatives ciblées pour pallier les problèmes causés par cette nouvelle méthode de déneigement, tel que proposé lors de la séance du conseil, ce «n’est pas acceptable», croient les organismes. «L’accessiblité universelle, ce n’est pas de "combler des manques" ou de "pallier certains besoins spécifiques", critiquent-ils. Permettez-nous de citer la Ville de Longueuil pour rappeler que l’accessibilité universelle "vise à offrir à l’ensemble de la population un accès universel, autonome et simultané à ses infrastructures et services" et non pas à répondre à des besoins spécifiques lorsqu’ils apparaissent.» La lettre se termine avec un appel aux citoyens à exprimer leur mécontentement auprès de leur élu, si celui a voté en faveur de cette façon de faire. Les organismes fournissent la liste des conseillers municipaux, ainsi que leurs coordonnées. Les organismes signataires sont: • Association des aveugles de la Rive-Sud (AARS) • Association québécoise de joueurs d’échecs handicapés visuels (AQJÉHV) • Association québécoise des parents d’enfants handicapés visuels (AQPEHV) • Association des sports pour aveugles du Montréal métropolitain (ASAMM) • Association des usagers du transport adapté de Longueuil (AUTAL) • Conseil canadien des aveugles de Longueuil (CCAL) • Groupement des Associations de Personnes Handicapées de la Rive Sud (GAPHRSM) • Regroupement des aveugles et amblyopes du Montréal Métropolitain (RAAMM) • Regroupement des aveugles et amblyopes du Québec (RAAQ)   D'autres réactions Le Regroupement des activistes pour l’inclusion au Québec (RAPLIQ) a aussi vertement critiqué la décision. «Longueuil devient donc la seule ville au monde à offrir moins de services à ses citoyens», clame-t-on avec inquiétude. L’argument voulant qu’un trottoir sera ainsi mieux déneigé est qualifié de «saugrenu», «digne du Festival Juste pour Rire». Le RAPLIQ demande également que la Ville revienne sur sa décision. L’Association des usagers du transport adapté de Longueuil (AUTAL), aussi signataire de la lettre commune, a qualifié la décision de «grande injustice parce que pour les mêmes paiements de taxes, les résidents du côté de rue qui ne sera pas déneigé, ne pourront jouir des mêmes services offerts par la Ville que leurs voisins». «Il s’agit avant tout d’un enjeu de sécurité et d’équité sociale qui ne doit absolument pas être oublié.»