Tribune libre
Opinion

Opinion: À propos des cerfs

le jeudi 10 juin 2021
Modifié à 8 h 05 min le 10 juin 2021

Je suis une résidente de Longueuil depuis près de 32 ans. Bien que depuis maintenant 23 ans j’habite tout près du Parc Michel-Chartrand, ce n’est que depuis septembre dernier que je m’y promène 4 à 6 fois par semaine.

Quel émerveillement que de voir, en zone urbaine, une faune si généreuse. Cette faune fait la joie des marcheurs. Comment ne pas s’émerveiller devant une paire de grands yeux qui nous regarde à travers les branches à quelques mètres ou d’un écureuil qui nous suit pour avoir une arachide. Lors de ma première randonnée, l’an dernier, j’en était bouleversée tellement je trouvais ça magnifique.

J’ai trouvé ça pas mal moins magnifique quand j’ai appris, par un journaliste, ce qui allait se passer l’automne dernier, soit abattre des cerfs en pleine santé!

Je ne veux pas revenir sur ce sujet, bien qu’il ne soit pas réglé, mais j’aimerais vous faire comprendre mon point de vue, qui est très certainement le même que celui de centaines de personnes.

Je comprends que certains propriétaires de « grosses maisons » ne soient pas contents de se faire grignoter leurs cèdres, je comprends parfaitement aussi que les cerfs causent des accidents (un jeune cerf a été frappé sur Curé-Poirier la nuit dernière) mais il me semble qu’il doit bien exister des solutions pour contenter tout le monde et surtout, pour laisser les cerfs vivre en paix sur un territoire qui rétrécie toujours de plus en plus.

Pourquoi ne pas clôturer le parc? Du moins par les trois rues les plus passantes (Fernand-Lafontaine, Curé-Poirier et Jean-Paul Vincent). Ben non, pas des belles clôtures en fer forgé qui coûteraient une fortune mais quelque chose de semblable à ce que Boucherville a fait près du Tunnel Lafontaine. Me semble que la vie de ces animaux doit être préservée.

Oui, il y a peut-être surpopulation, mais peut-on voir les cerfs comme une beauté du quotidien pour les citoyens et tenter de trouver une solution plutôt que de les considérer comme une nuisance?

Jusqu’à il y a quelques années, la Ville les nourrissait. Pourquoi avoir arrêté? Est-ce que quelqu’un a vu ces bêtes cet hiver? Ils étaient en train de mourir de faim! En février-mars, certains avaient que la peau et les os! C’est ignoble de laisser des animaux quasi-domestiqués crever de faim! Je ne crois pas que ça coûte une fortune de la moulée pour les chevreuils. En les nourrissant, nous évitons tout de même un peu de les voir s’enfuir ailleurs (traverser les rues – causant ainsi des accidents). Les pauvres créatures nous suivent au pas dans l’espoir d’avoir à manger! Et le problème va revenir cet automne. Le parc regorge de pancartes interdisant de nourrir les animaux et nous montrent combien les cerfs (et les bernaches) sont des nuisances.

Parlons-en du fait qu’il est INTERDIT de les nourrir! Quiconque a un cœur voudra leur venir en aide. Oui, je sais, j’ai fait mes devoirs et me suis renseignée sur ce qui est bon ou non pour eux. Oui, je sais que leur système digestif est capricieux, qu’il faut privilégier les aliments riches en fibres à ceux riches en protéines. Surtout l’hiver. Oui, je sais aussi qu’il ne faut pas leur donner de carottes! 

Alors pourquoi ne pas envisager quelques pistes de solution pour conserver nos animaux en bonne santé pour qu’ils continuent à faire le bonheur des randonneurs?

Pourquoi ne pas installer des bornes avec de la moulée? Moyennant 1 ou 2 dollars, le randonneur, d’octobre à avril, et pourquoi pas à l’année longue, pourra nourrir le cerf qui s’approchera. Ca servirait de financement pour les bornes et la nourriture. Ah je vous entends déjà dire : « ben justement, faut pas que les cerfs approchent l’humain! » Ben pour ça, c’est pas mal trop tard.

Et je vous entends aussi dire : « ben là, on n’a pas de budget pour ça! » Pourquoi ne pas demander aux Longueuillois une petite contribution annuelle volontaire? Je suis certaine que plusieurs, moi la première, paieraient avec plaisir un « membership » pour assurer le bien-être et la survie des cerfs du parc. Aussi, après Noël, pourquoi ne pas faire comme le Parc Safari et installer les vieux sapins naturels dans un espace du parc pour que les cerfs puissent s’en nourrir. C’est IMPOSSIBLE qu’il n’y ait pas de solution pour assurer la survie de ces bêtes. Et ne venez pas me dire qu’il y a des règlements, des lois, etc. Si tout se fait, tout peut se défaire.

En aidant les cerfs à se nourrir, on contribue aussi à préserver la beauté du parc.

Je ne suis pas biologiste, ni vétérinaire, ni fonctionnaire de la Ville, mais cybole, me semble que ce n’est que le gros bon sens. Ces bêtes-là ont jadis fait la gloire de Longueuil : le golf Parcours du cerf, le quartier cossu Parcours du cerf. Pis là, ils deviennent une nuisance parce que trop nombreux et affamés. Leur territoire était immense, mais il est maintenant en béton.

Je suis certaine qu’on peut trouver des solutions intéressantes pour tous, mais surtout pour les animaux.
Honnêtement, j’ai honte que ma ville ne pense qu’à son portefeuille. Si c’était possible, je déménagerais sur-le-champ. Et je passe sous silence aussi le sort que la Ville fait subir aux bernaches…
 
Jocelyne Leduc

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