Opinion

OPINION - L’appui inadmissible à un projet qui nous rapproche un peu plus de la catastrophe  

le vendredi 18 août 2023
Modifié à 15 h 53 min le 17 août 2023

(Photo gracieuseté)

Juillet aura été le mois le plus chaud jamais enregistré sur Terre, ce qui a fait dire au secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, que l’humanité était sortie de l’ère du réchauffement climatique pour entrer dans celle de l’ébullition climatique.

À l’échelle du Québec, les nombreuses tornades, les pluies torrentielles et les dantesques feux de forêt dans le nord du Québec nous ont démontré, si besoin était, les conséquences catastrophiques de cette «ébullition climatique». La moindre des choses serait de mettre tout en œuvre pour RÉDUIRE nos émissions de GES et non pas de continuer à faire comme si de rien n’était. 

Pourtant, lors d’une conférence de presse tenue le 27 février dernier, la mairesse de Longueuil était tout sourire en annonçant l’ajout à terme de plus de 40 000 vols au-dessus de nos têtes pour un transit annuel de 4 millions de passagers. Ce qui veut dire 110 vols par jour en moyenne ou un vol aux neuf minutes entre 7 heures et 23 heures qui produiront plus de 500 000 tonnes de GES annuellement. Et c’est sans compter les impacts sonores et les myriades de particules fines générées par la combustion du kérosène utilisé par les avions.

Elle s’était pourtant engagée à préserver la qualité de vie de la population de la Rive-Sud. Cherchez l’erreur ! Elle dit avoir écouté ce que la population avait à dire lors des consultations publiques du printemps 2022 et de l’automne 2022. Il semble bien qu’elle n’ait pas bien entendu ou compris ce que nous avions à dire, soit un MORATOIRE sur tout développement de l’aéroport afin de définir ENSEMBLE le devenir de la zone aéroportuaire. 

C’était aussi clair dans le rapport de la consultation publique menée sous l’égide de Denis Trudel, député fédéral de la circonscription de Longueuil – Saint-Hubert. Il est en effet écrit à la page 27 de ce rapport qu’il « faut un moratoire sur le plan de développement de DASH-L tant qu’il n’y a pas plus d’information crédible à son sujet et au sujet des problèmes causés par la situation actuelle. »

Et ça ne l’était pas moins dans le rapport rendu public en septembre 2022 par l’Office de participation publique de Longueuil (OPPL) où il est écrit à la page 3 que « les résultats de la démarche nous indiquent clairement le besoin de compter sur une information à jour et fiable avant de s’engager sur la voie du développement de l’aéroport ainsi que la nécessité d’assurer le maintien de la qualité de vie de la population. »

Où sont les études à l’appui du développement de l’aéroport de Saint-Hubert? Quel est son impact environnemental et est-il acceptable en regard, notamment, du dérèglement climatique? Quelle est sa pertinence, sachant que l’aéroport international de Montréal est à 26 kilomètres à peine à vol d’oiseau et qu’il sera bientôt desservi par le REM? Quel est son intérêt économique comparativement aux autres possibilités qu’offre ce terrain d’une superficie de 3 km2? Quelles seront ses retombées fiscales pour Longueuil et, par ricochet, pour les autres villes liées de l’agglomération par rapport à ces autres avenues de développement ? Toutes ces questions sont sans réponses!

L’argument de la mairesse de Longueuil à l’effet que les aéroports sont de juridiction fédérale ne tient pas plus la route. Elle avait le pouvoir de s’y opposer et d’exiger toutes les études requises en lien avec ce projet afin de bien informer sa population et celle des villes limitrophes pour s’assurer de prendre la meilleure décision possible dans les circonstances. Il ne fait aucun doute dans notre esprit qu’une telle approche aurait reçu l’appui de l’ensemble des élues et des élus de la Rive-Sud. 

Nous nous sentons trahis aujourd’hui car cet exercice de réflexion, et quoi qu’en dise la mairesse de Longueuil, n’a pas eu l’ombre d’une amorce. Notre droit à un environnement sain a été littéralement foulé aux pieds. Depuis juillet 2022, les Nations unies et le Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations unies ont reconnu que le droit à un environnement sain est un droit humain. Actuellement, plus de 100 états ont inscrit ce droit dans leur constitution. Au Québec, il est consacré depuis 2006 à l’article 46.1 de la Charte des droits et libertés de la personne. Enfin, en juin dernier la Loi canadienne sur la protection de l’environnement a été modifiée et reconnaît désormais le droit de « tout particulier au Canada » à un environnement sain.

 

Martin Murray, 
Maire de Saint-Bruno-de-Montarville de 2013 à 2021

Stéphanie K/Bidi, 
Mère au front pour Céliane et Damien

Pour la Coalition Halte-Air Saint-Hubert 

Ont également signé cette lettre comme membres de la Coalition Halte-Air Saint-Hubert :
•    Julien Keller, professeur à la Faculté des Sciences de l'UQAM, et citoyen de Longueuil ;
•    Johanne Philipps, citoyenne de Longueuil ;
•    Jacques Benoît, Urgence climatique Montérégie, GMob et co-initiateur de la Déclaration d’urgence climatique, et citoyen de Longueuil ;
•    Jacques Morin, citoyen de Longueuil ;
•    Hughes Létourneau, Réseau écocitoyen de Saint-Lambert ;
•    Carole Ricard, Réseau écocitoyen de Saint-Lambert.

Pétition « Pour un moratoire sur le développement de l’aéroport Saint-Hubert » : https://chng.it/J4CmwHWDvF