Culture

Politicailleries et autres dérives en cannes

le vendredi 24 avril 2015
Modifié à 0 h 00 min le 24 avril 2015
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

ARTS VISUELS. Un Denis Coderre qui baigne dans une boîte de «sauce à spagat'», une Lise Thibault dans une canne de caviar ou encore un Gérald Tremblay «canné» dans une conserve de pea soup. C'est le moyen d'expression qu'a trouvé l'artiste Guylaine Renière pour pointer du doigt et se moquer de la «démocratie malade» dans laquelle nous vivons.

Les œuvres de l'exposition Saveurs locales, présentée au Centre d'artistes Zocalo jusqu'au 24 avril, s'insèrent très bien dans le courant de l'art subversif. En mettant dans des conserves des personnalités connues, de Stephen Harper à Régis Labeaume, Guylaine Renière formule une critique de la société, qu'elle considère comme un «monde formaté».

«La démocratie est sérieusement malade. On se sent impuissant: les politiciens disent qu'ils parlent au nom de tout le monde, mais la majorité est en désaccord avec eux. Il y a toutes ces magouilles, dont on ne reverra jamais l'argent, il y a la fraude fiscale, les primes de départ, etc. Des scandales à ciel ouvert!, énumère Mme Renière. Par l'art, j'ai l'impression de reprendre le pouvoir. Et ça libère mon esprit!»

La Reine «à l’honneur»

La première œuvre qu'a créée Guylaine Renière dans cette série de tableaux 3D est celle imaginée à partir de l'affiche de la Reine Elizabeth II, affiche que tout citoyen canadien peut recevoir s'il en fait la demande au gouvernement.

«La reine, c'est la mascotte de l'exposition!», lance l'artiste, puisque la Reine dans sa canne de tomates est effectivement l'œuvre qui annonce l'exposition.

Passé date?

Les personnalités qui apparaissent dans les œuvres de Guylaine Renière sont intimement liées au monde médiatique et politique. Mais contrairement au contenu habituel des boîtes de conserve, les œuvres n'ont pas de date de péremption.

«Je me suis demandé si certaines œuvres pouvaient être passées date. Mais non! Ce sera toujours d'actualité! On se fait rouler!», s'enflamme l'artiste visuelle.

Jusqu'à maintenant, Guylaine Renière a conçu une trentaine de tableaux et elle compte bien poursuivre la série. Elle soumettra ses nouvelles œuvres au Concours international d'arts visuels Juste pour rire, où les premières créations de Saveurs locales avaient été exposées l'an dernier.

Certains établissements culturels, plus frileux au caractère caustique de ces œuvres inspirées du Ready Made, ont cependant refusé de les exposer. «Certains m'ont dit qu'ils avaient peur de perdre leurs subventions», évoque Guylaine Renière.

Bien que la majorité des œuvres soient assez critiques face aux politiciens et hommes d'affaires ayant défilé devant la commission Charbonneau ? Tony Accurso, entre autres, a droit à son tableau ?, quelques-unes rendent plutôt hommage à des coups de cœur de l'artiste. C'est ainsi que l'on retrouve Mathieu Bock-Côté dans une boîte de sirop d'érable, «parce qu'il a une plume savoureuse»!

Rens.:  www.grsaveurslocales.ca