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Quand Boucar parle d’identité sur le bord du fleuve

le jeudi 12 avril 2018
Modifié à 15 h 35 min le 12 avril 2018
Par Sarah Laou

slaou@gravitemedia.com

SPECTACLE. Avec son nouveau spectacle, Magtogoek ou le chemin qui marche, le scientifique à la plume de poète, l’humoriste au charisme de conteur Boucar Diouf invite son public à un périple historique et philosophique à travers le Québec, mêlant humour et perles de sagesse comme lui seul en a le secret. En choisissant de baptiser son spectacle du nom donné au fleuve par les Algonquins avant l’arrivée de Jacques Cartier, Magtogoek, ce qui signifie «le chemin qui marche», le conteur explique avoir eu à cœur de restituer la résonnance poétique et symbolique que les communautés autochtones avaient conférée au fleuve. À travers l’image de ce cours d’eau en perpétuel mouvement, l’humoriste et docteur en océanographie en profite pour dresser un parallèle avec l’identité. C’est aussi un hommage au Saint-Laurent qui a représenté tant de choses pour l’étudiant qu’il était à son arrivée au Québec, en 1991. Explorateur et naturaliste Dans ce spectacle, l’histoire du Québec se déploie sous les yeux du spectateur. De réflexions profondes en blagues légères, de questionnements en références historiques, le spectacle entraîne le public dans un voyage reliant l’hier à demain, mais aussi l’homme et la nature. «Le fleuve est juste un chemin que j’emprunte pour raconter mon histoire et celle du Québec, explique le conteur. J’invite les gens à me suivre pour une croisière qui nous mènera de Rimouski à Gaspé, de Tadoussac à la Baie-des-Chaleurs et de Québec à Montréal… J’y joue l’explorateur, je parle de Jacques Cartier et de Champlain. Sur ce chemin, on rencontre les Micmacs. Et bien sûr, je parle des bélugas et j’en profite pour faire passer des messages sur le réchauffement climatique et la pollution du fleuve, des sujets qui me tiennent à cœur.» Boucar Diouf définit d’ailleurs son spectacle comme «le plaidoyer d’un naturaliste pour la solidarité». Et comme à chaque fois, le spectateur ne ressort jamais vraiment comme il est entrée. «Le plus grand défi, c’est de parvenir à être drôle, spirituel, tout en gardant l’aspect historique, poursuit l’artiste, qui invite également musique et poésie sur scène. Il faut aussi que les rires tombent toutes les 15 secondes. C’est important, car l’humour donne corps à l’histoire. Les blagues, ce sont les muscles et la peau», image-t-il, en indiquant que le choix des sujets en est l’ossature. «Métis identitaire» De ces explorations et redécouvertes du territoire, Boucar Diouf rappelle par la même occasion que l’héritage des Québécois est imbriqué à celui des populations autochtones. «On gagnerait beaucoup à leur tendre la main, exprime l’humoriste, qui fait référence à la richesse des savoirs ancestraux et au respect que ces communautés portent à l’environnement. Comme je viens d’ailleurs, je me donne parfois le droit de dire des choses. Les gens me permettent de dire ces choses parce que je le dis de l’intérieur. Je connais le pays, je l’ai écouté musicalement et je l’ai voyagé d’un bout à l’autre. Je ne suis pas à côté, je ne juge pas, je me suis approprié une partie des gens d’ici», exprime celui qui explique qu’il est chez lui dans l’est du Québec car il y a ses «souvenirs d’enfance», son arrivée au Québec ayant été vécue comme une seconde naissance. «J’ai passé la moitié de ma vie au Québec, poursuit-il. Je me sens métis identitaire. Je suis le trait d’union dans "afro-québécois", j’attrape les deux mots et je fais un raccordement», décrit l’humoriste. Boucar Diouf présentera Magtogoek ou le chemin qui marche à l’Étoile Banque Nationale de Brossard le 22 avril à 20h.