Sylvie DesGroseilliers et Claudio Benedetti feront cavaliers seuls

Sylvie DesGroseilliers et Claudio Benedetti (Photos : Gracieuseté)
Souhaitant se défaire du carcan d’un parti politique, c’est comme candidats indépendants que les actuels conseillers municipaux de Brossard Sylvie DesGroseilliers et Claudio Benedetti tenteront de se faire élire le 7 novembre.
Sylvie DesGroseilliers avait pourtant annoncé en avril dernier qu’elle ne solliciterait pas de second mandat.
«Au moment de cette communication, j’étais à mon plus bas, raconte-t-elle au Courrier du Sud. J’étais tannée de la chicane», soutient-elle, ajoutant que la dissolution du caucus de Brossard Ensemble quelques mois plus tôt l’avait beaucoup affectée.
«Après avoir annoncé mon retrait, c’est comme si un poids avait été enlevé de mes épaules. Puis, je me suis mise à recevoir des appels et des courriels et j’ai rencontré des gens qui m’ont encouragée à rester.»
«Depuis, je me suis refait une santé mentale et physique et j’ai fait beaucoup d’introspection, poursuit-elle. J’aime ce que je fais. C’est demandant, mais c’est aussi très gratifiant!»
La voie de l’indépendance
«Alors que je parlais avec Claudio, je lui ai dit que je ne pensais pas pouvoir me joindre à un autre parti. Depuis Démocratie Brossard que les partis éclatent!, lance Mme DesGroseilliers. Claudio m’a alors dit : on peut peut-être essayer d’être candidats indépendants! Pour moi, c’est très révélateur que quelqu’un avec autant d’expérience choisisse de se présenter comme indépendant.»
«Au municipal, je trouve que les partis sont obsolètes.»
– Sylvie DesGroseilliers
Si les deux élus admettent que les partis politiques offrent la force du nombre, ils déplorent la «ligne de partie», à laquelle les membres ne doivent pas déroger.
«J’ai fait plusieurs partis et c’est toujours pareil, soutient celui qui a été élu pour la première fois en 2005 et à tour à tour représenté Démocratie Brossard (2005), Priorité Brossard (2009 et 2013) et Brossard Ensemble (2017). Tout commence bien mais la ligne de parti finit par prendre trop de place et on nous l’impose, subtilement ou non.»
«On dit toujours que l’on veut faire de la politique différemment mais on se retrouve dans un parti avec une plateforme contraignante, dénonce Mme DesGroseilliers. Peut-être que faire de la politique autrement, c’est justement de changer le conseil, de ne pas avoir cette majorité absolue et d’être toujours obligé de rentrer dans le rang.»
La fonction de conseiller
Les deux candidats indépendants croient que plusieurs ont oublié la mission première d’un élu municipal.
«La fonction de conseiller est de représenter les citoyens au sein du conseil, et non l’inverse, explique Claudio Benedetti. Ma responsabilité est auprès des citoyens. Si mes citoyens disent non, je dois les écouter.»
«La tâche d’un maire, elle, en est une de président du conseil et non pas de premier ministre, qui distribue des positions», ajoute-t-il.
«Si tous les élus étaient indépendants, cette réalité-là serait beaucoup plus évidente», croit Sylvie DesGroseilliers.
«Aux citoyens qui pensent qu’en tant qu’indépendant, on a moins de pouvoir et bien, les faits prouvent le contraire, soutient M. Benedetti. N’eut-été que Sylvie était indépendante, le dossier de la rue Maupassant ne se serait pas passé comme ça.»
«On a bradé notre bord de l’eau! Seule Brossard a fait cela! Mais peut-être que s’il y avait eu des élus indépendants à ce moment-là, ça ne se serait pas passé comme ça...»
– Claudio Benedetti
«J’ai réalisé beaucoup plus de choses depuis la dissolution du caucus parce qu’il n’y a pas d’intermédiaire; c’est direct, ajoute sa collègue. En étant indépendant, la marge de manœuvre est beaucoup plus large.»
Pas la force de la machine
Les deux candidats sont tout de même bien conscients que leur campagne électorale sera bien différente en tant qu’indépendants.
«C’est David contre Goliath, image Sylvie DesGroseilliers. Avec un parti, il y a toute une machine derrière nous.»
Selon la candidate, les citoyens rencontrés jusqu’à présent lors de son porte-à-porte sont cependant très ouverts quand elle leur dit qu’elle se présente comme indépendante.
«Nous sommes des politiciens de première ligne, rappelle Claudio Benedetti. Le municipal, c’est ce qu’il y a de plus personnel, de plus proche pour les citoyens.»
Ce dernier souligne que sa collègue a fait des commissions pour certains citoyens qui avaient peur de sortir, au plus fort de la pandémie.
«On n’était pas en élections, ce n’était pas pour bien paraître, ajoute Mme DesGroseilliers. Être élu, ce n’est pas juste être là pour inaugurer ou quand c’est le temps de briller; il faut être là tout le temps», affirme-t-elle.
«Ma seule ambition est d’avoir la confiance des gens pour un autre 4 ans», conclut-elle.
Repenser le centre-ville et respecter les quartiers
«Chaque fois qu’on nous parle du centre-ville, j’ai l’impression que c’est le Jour de la marmotte», lance Sylvie DesGroseilliers, à propos du programme particulier d’urbanisme (PPU) actuellement en élaboration à Brossard.
«Est-ce qu’on veut que ça devienne un Griffintown ou un endroit pour tous les Brossardois?, demande-t-elle. Peut-on avoir d’autres idées que des gratte-ciels? On ne veut pas devenir le Mississauga de Montréal!»
«Brossard s’est développée par secteurs et chaque secteur à ses particularités, ajoute Claudio Benedetti. On ne peut pas les gérer one size fits all. Ils ont chacun leur valeur.»
«Mettez le conseiller du secteur à contribution lorsque vient le temps de prendre des décisions qui touchent son district, poursuit l’élu. Et le mettre à contribution ne veut pas dire recevoir des ordres de lui, mais lui demander son avis, obtenir son son de cloche.»
«Il y a eu deux grosses consultations publiques dans le secteur des A, les gens s’exprimaient mais les démolitions continuaient et les constructions étaient aussi grosses, rappelle Mme DesGroseilliers. C’est ça qu’on a voulu arrêter avec le moratoire adopté en juin 2020.»
Selon la conseillère, cette adoption a été «le début de la fin de la lune de miel» au sein de Brossard Ensemble, qui a culminé avec la dissolution du caucus par la mairesse en septembre.