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COVID-19

Une préposée du CHSLD Henriette-Céré dénonce des manquements

le jeudi 04 juin 2020
Modifié à 10 h 46 min le 04 juin 2020
Par Audrey Leduc-Brodeur

aleduc-brodeur@gravitemedia.com

Une préposée aux bénéficiaires du CHSLD Henriette-Céré dans l’arr. de Saint-Hubert raconte avoir été témoin de comportements problématiques qui pourraient être à l’origine de l’éclosion de cas de COVID-19 ayant causé 22 décès parmi les résidents. Elle a rapporté ses constatations au Courrier du Sud. À lire aussi Des bouteilles d’eau par centaines au CHSLD Henriette-Céré L’employé qui souhaite conserver l’anonymat conteste la gestion de l’équipement et le transfert du personnel et des résidents d’une zone à l’autre, notamment. Elle affirme que «le centre a de la difficulté à suivre les directives de base de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ)». À titre d’exemple, la préposée témoigne de l’utilisation des masques qu’elle estime ne pas en avoir en quantité suffisante pour exécuter son travail de façon sécuritaire. «Les matins, nous recevons un maximum de quatre masques pour notre journée. J'ai déjà demandé un masque en surplus, car j'avais épuisé les miens avant ma pause en après-midi en raison de quelques éternuements et de l’humidité. J'ai dû négocier avec la personne responsable de la distribution des masques pour en avoir un de plus», raconte-t-elle. Interrogé le 15 mai sur ce sujet, le Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Centre (CISSSMC), qui gère ce CHSLD, a répondu au Courrier du Sud le 2 juin. Il assure que son personnel a en tout temps accès au nombre de masques requis, «considérant que ceux-ci doivent être changés plus ou moins fréquemment selon les circonstances». Cet été, chaque employé recevra le double de masques qu’à l’habitude, précise le CISSSMC, puisqu’il devra être changé chaque fois qu’un employé le retirera pour boire de l’eau. Pour sa part, l’employé dit s’inquiéter pour ses patients. Elle soutient qu’ils devraient aussi porter un masque lorsqu’ils reçoivent des soins d’hygiène.

«Plusieurs de nos anges tombent au combat. Est-ce à cause du manque de protections ou plutôt de la mauvaise gestion?» - Une préposée aux bénéficiaires du CHSLD Henriette-Céré
Sur ce point, le CISSSMC fait valoir que cette recommandation de l’INSPQ ne s’applique que lorsque la condition du résident le lui permet. «Par exemple, une personne ayant des difficultés respiratoires ne pourra le porter. De plus, il faut comprendre que nous avons une grande proportion de clientèle ayant une atteinte cognitive. Donc, le port du masque n’est pas toujours bien toléré. Nos intervenants doivent agir en respect de chaque individu», affirme la conseillère-cadre aux relations médias Martine Lesage. Transfert Dans son témoignage, l’employé déplore que des patients guéris de la COVID-19 soient restés dans la zone rouge. Elle évoque des directives de l’INSPQ pour soutenir ses dires. Le CISSSMC affirme qu’un nettoyage complet a eu lieu récemment à cet endroit, puis qu’une équipe est spécifiquement affectée aux patients guéris. Selon la liste des résidences touchées publiée par le ministère de la Santé et des Services sociaux, cinq personnes, soit 7% des résidents du CHSLD Henriette-Céré, sont toujours atteintes de la COVID-19 en date du 1er juin. Aucun nouveau cas n’avait été recensé cette journée-là. Manque de personnel La préposée aux bénéficiaires ayant écrit anonymement au Courrier du Sud dénonce le manque de personnel, dont les répercussions se font sentir particulièrement pendant les fins de semaine, précise-t-elle. «C'est déjà arrivé que je sois seule comme préposée avec deux employés de type «aide de services» qui en étaient à leur première expérience en CHSLD. Nous étions seulement trois pour 20 patients positifs, un ratio loin d’être facile», convient-elle. À ce sujet, le CISSSMC ne cache pas que la gestion de la main-d’œuvre en est une «de tous les instants». L’éclosion a forcé le retrait de 70% des membres du personnel, soit pour cause d’infection ou par mesure préventive, précise le centre. Certains d’entre eux retournent graduellement au travail. Le CISSSMC remercie les employés venus à la rescousse, dont les paramédics d’Ambulances Demers.