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Une recherche vise à dresser un portrait des locataires de l’agglomération

le mercredi 30 mai 2018
Modifié à 16 h 22 min le 30 mai 2018
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

COMMUNAUTAIRE. Une étude sur les conditions de vie et d’habitation des locataires de l’agglomération de Longueuil permettra de dresser un portrait et offrir une analyse en profondeur des problèmes et enjeux qui touchent les locataires. Des données précieuses qui orienteront les actions à entreprendre pour les organismes, les services sociaux et de santé, ainsi que les municipalités. Cette étude est l’initiative du Comité recherche-action – issu de la Coalition pour le droit au logement de l’agglomération de Longueuil –, formé d’intervenants de la Maison la Virevolte, du Carrefour pour elle, des CISSS Montérégie Centre et Est – service d’organisation communautaire, du Comité logement Rive-Sud et du Comité logement Montérégie. Le but est de consulter les locataires sur l’état de leur logement, mais aussi sur leur parcours et leurs ressentis face au logement. Pour y arriver, des entretiens avec des informateurs clés du milieu, ainsi que 15 à 20 entretiens avec des locataires seront organisés, en plus de 5 à 10 groupes de discussion. Mais surtout, le groupe souhaite soumettre 1000 questionnaires à des locataires, rejoints par porte-à-porte, sur l’ensemble du territoire de l’agglomération. «On ne veut pas cibler les quartiers défavorisés, mais plutôt aller rejoindre des locataires d’un peu partout, pour avoir une vision d’ensemble», a mentionné Marjolaine Tapin, du Comité logement Rive-Sud, lors du lancement de l’étude, le 30 mai. Approche multiple De nombreux thèmes seront abordés dans le questionnaire afin de non seulement obtenir une vue d’ensemble de la situation du logement locatif, mais de comprendre le «fonctionnement des problématiques liées au logement», a exposé la directrice adjointe du Carrefour pour elle Marie-Christine Plante. Les locataires seront invités à répondre concernant leurs informations sociodémographiques, la salubrité et la sécurité du logement, l’accessibilité universelle, la santé physique et psychologique, le rapport propriétaire/locataire, le rapport aux autres locataires, les stratégies de résistances, le nombre (et raisons) des départs, etc. «Ça pourra changer au fil du temps; on ne veut pas arriver avec nos idées toutes faites de ce qui va en sortir», assure Mme Plante. Aux yeux des acteurs de ce regroupement, le logement ne se résume pas qu’au lieu physique, mais aussi à son caractère politique. «Cette recherche ira au-delà des chiffres en privilégiant une analyse globale, structurelle et intersectionnelle, en se basant en particulier sur une analyse différenciée selon les sexes, puisque le logement est un lieu où s’expriment des rapports de pouvoir qui ont un impact sur la santé physique et psychologique des ménages», a expliqué le coordonnateur de recherche David L’Écuyer. Le lancement de la recherche est aussi l’aboutissement d’un an et demi de travail pour les différents acteurs impliqués. Cette idée d’étude est notamment née des lacunes quant aux recherches existantes sur le sujet, souvent parcellaires et n’offrant pas d’analyses de fond de la situation. Selon les données statistiques, 24,1% des 63 975 ménages locataires de l’agglomération éprouvent des «besoins impérieux en logement, c’est-à-dire qu’ils habitent un logement trop cher, en mauvais état ou trop petit», relève le comité. La collecte de données par porte-à-porte devrait débuter en septembre et de huit à dix scrutateurs seront embauchés pour l’étude, réalisée grâce au soutien de l’Allocation en développement des communautés des CISSS de la Montérégie Centre et de la Montérégie Est. Vers l’action Des recommandations seront formulées à la lumière des résultats obtenus au terme de l’étude. «Elle nous permettra de de mieux comprendre ces dynamiques [propres à chaque type de ménage] et de proposer des solutions adaptées», a indiqué Marie-Christine Plante. «On ne veut pas que cette étude devienne un ramasse-poussière dans une bibliothèque, ajoute Guy Levesque, de la Maison La Virevolte. Les recommandations moduleront les interventions de l’ensemble des acteurs qui œuvrent de près ou de loin auprès des locataires.» Ces intervenants sont les acteurs des services sociaux et de la santé ainsi que les organismes œuvrant directement auprès des locataires, mais les municipalités seront aussi appelées à intervenir. Depuis longtemps, le Comité logement Rive-Sud dénonce la difficulté d’appliquer certains règlements à l’égard, notamment, de propriétaires négligents. Le Comité travaille d’ailleurs à ce que des mesures soient intégrées aux politiques d’habitation et règles d’urbanisme. «Il est trop fréquent de voir des locataires faire des démarches auprès des municipalités ou de la Régie du logement et qu’en raison de la complexité des recours légaux et de la timidité de l’intervention municipale, les locataires préfèrent déménager plutôt que de faire valoir leur droits», selon Hanh Lam, du Comité logement Montérégie. Les municipalités sont d’ailleurs appelées à collaborer dès maintenant en prenant part à la phase initiale de la recherche comme informateur, puis en diffusant l’étude pour en faire connaître le sondage.