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Éducation

« Ça prend de vrais investissements dans l’éducation et dans les ressources », disent des enseignants

le mardi 20 avril 2021
Modifié à 11 h 01 min le 19 avril 2021
Par Geneviève Michaud

gmichaud@gravitemedia.com

Selon les cinq enseignants rencontrés par Le Courrier du Sud, si les négociations pour le renouvellement de leur convention collective, échue depuis le 31 mars 2020, stagnent actuellement, c’est que le ministère de l’Éducation, avec Jean-François Roberge à sa tête, semble déconnecté de la réalité. À LIRE AUSSI : Des enseignants à bout de souffle «Ce serait bien que les gens du Ministère fassent des propositions en lien avec nos demandes et pas des propositions qui semblent sortir d’un chapeau, lance d’entrée de jeu M. Patrick. On dirait qu’ils ne nous écoutent pas du tout. On a l’impression de parler dans le vide!» Plusieurs voient également dans les propositions patronales un désir d’encadrer les enseignants de façon plus serrée. «On voit que le gouvernement souhaite avoir plus de contrôle sur notre tâche, savoir quand on fait quoi, indique Mme Sophie. De vouloir contrôler notre travail, c’est de nous dire qu’on ne le fait pas actuellement, soutient-elle. Personne ne dirait à un médecin qu’il doit se rapporter pour tout ce qu’il fait, mais on le dit aux profs!» Un ministre qui déçoit Si plusieurs enseignants fondaient de grands espoirs dans le fait d’avoir enfin un ministre de l’Éducation issu du milieu, ils ont rapidement déchanté. «Avec les offres proposées et sa gestion de la pandémie, on dirait qu’il est médecin, lance Mme Sophie. On dirait que ses 17 années d’enseignement se sont envolées depuis son élection.» «Il se base tout le temps sur son expérience personnelle, mais son expérience est très restreinte – dans un secteur aisé et un milieu qui réussit, souligne Mme Julie. Il consulte et écoute, mais il ne bâtit pas sur ça par la suite», déplore-t-elle. Ce qui est souhaité Pour Mme Sophie, la composition de la classe et les services aux élèves en difficultés sont «le nerf de la guerre» des négociations actuelles. En effet, même si les salaires des enseignants québécois sont les plus bas au pays, ce sont surtout les conditions qui reviennent dans le discours «syndical» des enseignants. «Moi, si on améliore mes conditions, que j’ai plus de temps et plus de ressources pour les élèves en difficultés, j’aurai l’impression que je peux faire la job pour laquelle j’ai été formée», soutient Mme Sophie. «Investir dans les services aux élèves, ce sera aidant autant pour les enseignants que pour les élèves et les familles», ajoute Mme Mélanie. Les enseignants souhaitent également que leur travail soit apprécié à sa juste valeur, par le gouvernement mais aussi par la société en général.

«Les travailleurs de la construction sont en chômage pendant plusieurs semaines l’hiver et personne ne leur remet ça sur le nez! Pourquoi on le fait pour les profs?»  

– M. Patrick

On retrouve en effet une énorme méconnaissance du travail effectué par les enseignants au sein de la population. «L’argument des «deux mois de vacances» vient toujours invalider notre travail, déplore Mme Catherine. Mais plusieurs ignorent qu’on est payé pour seulement 200 jours de travail!» «Il y aura toujours une tranche de la population qui ne sera pas satisfaite parce qu’on est en chômage pendant deux mois l’été et ce, même si notre salaire est basé sur dix mois de travail et que l’été est à nos frais, ajoute M. Patrick. Et que souvent, on travaille partiellement pendant l’été, surtout si on change de niveau ou de champs l’année suivante.» «De façon générale, les enseignants travaillent déjà beaucoup plus d’heures que ce qui est sur papier», rappelle Mme Sophie.