Actualités

Saint-Lambert : quand un mouvement citoyen vient à bout d’un plan d’urbanisme

le vendredi 09 décembre 2022
Modifié à 11 h 56 min le 09 décembre 2022
Par Michel Hersir

mhersir@gravitemedia.com

Isabelle Gendron et Antoine Hofer se sont impliqués depuis plusieurs mois afin d’empêcher la vente d’une portion du parc Préville. (Photo : Le Courrier du Sud – Michel Hersir)

Depuis cinq mois, des citoyens de Saint-Lambert militent contre l’éventuelle vente de la piscine du parc de Préville. Leur mouvement a pris une telle ampleur qu’il a finalement coûté l’adoption du nouveau plan d’urbanisme de la Ville dans sa forme actuelle. Le Courrier du Sud a rencontré deux des figures de proue de ce mouvement, Isabelle Gendron et Antoine Hofer.

«J’avais vraiment l’impression que ce serait fini après une semaine ou deux», raconte Isabelle Gendron, alors qu’une pétition de 1200 noms avait été remise au conseil municipal quelque temps après l’annonce du parc de Préville.

Le conseil a plutôt réitéré ses intentions dans ce dossier et s’en est notamment suivi pour ce groupe de citoyens des centaines d’heures d’implication durant plusieurs mois, environ 20 000$ en frais d’avocat lors d’une contestation à la Commission municipale du Québec et une mobilisation sur trois jours lors de la tenue du registre, qui devait déterminer s’il devait y avoir un référendum sur le plan d’urbanisme.

Ils ont finalement eu gain de cause, «une surprise vraiment agréable!» mentionnent-ils, alors que 2400 personnes ont signé le registre. Cela a forcé le retrait du plan d’urbanisme, et de fait même, l’usage «Garderies» dans le parc de Préville.

Bien qu’une majorité d’élus se sont dit déçus de ce dénouement, plusieurs ont souligné «l’impressionnante» mobilisation lors de la séance du 5 décembre.

Un choc

Les deux citoyens étaient pourtant peu impliqués dans la vie municipale auparavant. L’annonce de la fermeture de la piscine municipale pour y construire un CPE a toutefois changé la donne.

«Ce qui m’a le plus choqué, c’est que je venais d’apprendre que j’aurais eu l’occasion de poser des questions aux consultations publiques. La dernière a eu lieu le 15 juin, et le 16 juin, la nouvelle sortait. On s’est dit : on vient de se faire passer un sapin, on vend un bout de parc et on perd la piscine, alors qu’on ne nous a jamais dit qu’elle était finie», explique Mme Gendron.

«On a réagi tout de suite en consultant une avocate, indique pour sa part Antoine Hofer. Elle nous a dit : votre meilleur outil, c’est la mobilisation citoyenne. Donc, on a lancé une pétition, inspirée de celle contre la vente d’un bout du boisé du Limousin il y a quelques années et là on s’est rendu compte que les gens n’étaient pas au courant. Et au porte-à-porte, 90, 95% des gens étaient absolument contre ce projet.»

«Ils ne nous ont pas pris au sérieux.»

-Antoine Hofer

Ce dernier estime d’ailleurs que la Ville aurait dû traiter séparément le cas de la piscine Préville et le reste du plan d’urbanisme, pour lequel il reconnaît qu’il y a eu «un travail colossal».

Protection des parcs

Au fil des mois, l’enjeu de la protection de tous les parcs de la Municipalité a pris le dessus lors de la mobilisation.

Les deux résidents du secteur Préville estiment que le cas de la piscine pourrait se répéter ailleurs sur le territoire, par un autre conseil élu dans le futur, par exemple.

«On n’était pas contre la garderie, mais l’enjeu était de protéger le parc. Parce qu’il y aura toujours de bonnes raisons. La prochaine fois, ce sera un CLSC? Un GMF? Qui pourrait être contre un GMF? Mais au prix d’un parc?» s’interroge M. Hofer.

Questionnés sur la façon dont ils aimeraient que les parcs soient protégés dans un nouveau plan, ils évoquent entre autres l’importance de nommer cette protection et aussi d’accroître le rôle des citoyens.

«Dans la pétition, on proposait que dans le futur, aucun parc ne puisse être vendu ou offert sans consultations citoyennes. C’est un peu ça, une protection», souligne M. Hofer.

«Aux aguets comme jamais»

Maintenant que le plan d’urbanisme est retiré, le processus doit recommencer, incluant de nouvelles consultations publiques.

Antoine Hofer et Isabelle Gendron disent avoir bon espoir d’arriver à un consensus, mais assurent qu’aux consultations, «les citoyens seront aux aguets comme jamais».