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David Saint-Jacques en orbite

le mardi 04 décembre 2018
Modifié à 15 h 03 min le 03 décembre 2019
Par Katherine Harvey-Pinard

kharvey-pinard@gravitemedia.com

La première mission spatiale de David Saint-Jacques s’est amorcée hier, 3 décembre, alors qu’il a quitté la Terre à bord d’une capsule Soyouz, en compagnie des deux autres astronautes membres de la mission Expedition 58/59. Le Lambertois profitera de ses six mois sur la Station spatiale internationale (SSI) pour réaliser différentes expériences scientifiques. À LIRE ÉGALEMEMENT: David Saint-Jacques de retour sur Terre «Je suis prêt, dans le sens où j’ai passé tous mes cours. Mais est-ce que je suis vraiment prêt à aller dans l’espace? Je ne sais pas si on peut être prêt à ça», lançait David Saint-Jacques lors de sa dernière conférence de presse virtuelle, quatre jours avant son départ. Questionné sur son état d’esprit, l’homme de 48 ans s’est dit concentré. «Je ne suis pas encore dans l’anticipation active», a-t-il admis, abordant les quelques détails qu’il lui restait toujours à régler avant le jour J. C’est son arrivée à bord du Soyouz qu’il redoutait le plus, lui qui s’est entraîné pendant deux ans afin d’en être le copilote. «Ce sont deux ans d’entraînement pour un événement qui va durer environ 10 minutes, mais c’est de loin la phase la plus dangereuse et complexe de la mission. C’est là qu’est toute ma concentration en ce moment.» Une fois là-haut, son plus grand défi sera de «s’adapter à ce à quoi il n’est pas préparé», comme «la vie en microgravité, l’organisation à bord et, surtout, ces vues époustouflantes de notre planète vue de là-haut». Un dernier au revoir David Saint-Jacques était en quarantaine à Baïkonour, au Kazakhstan, au cours des deux semaines précédant son départ. C’est donc à travers une vitre qu’il a pu voir une dernière fois avant le grand jour les membres de sa famille, dont ses trois jeunes enfants. «J’ai essayé de leur faire comprendre que je partais pour un très long voyage et qu’on allait pouvoir se voir, mais pas s’embrasser, a-t-il relaté. Ils ont compris.» En orbite, l’astronaute de l’Agence spatiale canadienne (ASC) pourra communiquer avec ses proches. «On a une couverture téléphonique presque constante, donc on peut toujours appeler ou faire une vidéoconférence. Chaque semaine, chaque astronaute a une demi-heure ou une heure durant laquelle il peut parler avec sa famille.» La mission Expedition 58/59 est la toute première mission de David Saint-Jacques. À bord de ce laboratoire de recherche orbital qu’est la SSI, il réalisera différentes expériences scientifiques canadiennes et internationales. Il étudiera notamment les effets de l’apesanteur sur le corps humain ainsi que la télémédecine, qui consiste à pourvoir des soins de santé à distance. «Beaucoup d’expériences sont à caractère médical, notamment celles que le Canada organise. C’est intéressant parce que je suis moi-même médecin», a-t-il noté. L’homme de 48 ans, qui est également astrophysicien et ingénieur, a évoqué son désir et sa hâte de regarder la Terre sous un angle privilégié.

«J’espère avoir la lucidité, de temps en temps, de lever la tête, de regarder autour et d’apprécier le moment, de prendre le temps de réaliser la valeur de ce qui se passe et de cette extraordinaire expérience.»
Lors de son séjour en orbite, David Saint-Jacques sera aussi aux commandes du Canadarm2, le bras robotisé canadien d’une longueur de 17 mètres qui sert à accomplir toutes sortes de tâches critiques sur la SSI. Il sera de plus le médecin de bord, agira comme spécialiste du laboratoire Colombus et pourrait être appelé à effectuer des sorties dans l’espace. Travailler en équipe L’Américaine Anne McClain et le Russe Oleg Kononenko accompagnent David Saint-Jacques dans cette aventure. Les trois collègues ont passé beaucoup de temps ensemble au cours des deux dernières années. David Saint-Jacques a d’ailleurs passé plusieurs semaines à Saint-Pétersbourg afin d’apprendre le russe. «Pour être un membre efficace de l’équipe, tu dois être capable de communiquer, et ça va plus loin que le langage; on doit comprendre nos cultures respectives et d’où chacun vient. Ç’a été une grande partie de mon entraînement», a-t-il affirmé. Le Québécois a d’ailleurs apprécié découvrir des cultures différentes de la sienne. «Je pense que c’est un aspect important du programme spatial international; nous sommes fiers, en tant qu’astronautes et cosmonautes de partout dans le monde, de démontrer que lorsqu’on décide de travailler ensemble, on peut y arriver et faire des choses incroyables.» De petits bagages Les effets personnels des trois astronautes ont été envoyés sur la SSI par cargo il y a quelques mois. «J’ai apporté des items personnels qui me rappellent les membres de ma famille», a indiqué le Lambertois. Chacun d’entre eux peut également apporter une toute petite boîte, de la taille d’une boîte de chaussures, à bord de la capsule lors du départ. David Saint-Jacques y a notamment déposé son alliance et sa montre. Rituel russe Quelques jours avant son départ, David Saint-Jacques a pris part à un rituel russe qui consiste à planter un arbre dans l’Allée des cosmonautes, à Moscou. «C’est quelque chose que tous les astronautes qui se rendent dans l’espace à bord d’un vaisseau spatial russe pour la première fois font depuis Youri Gagarine.» Saint-Lambert témoigne sa fierté La Ville de Saint-Lambert a souligné sa fierté envers l'astronaute, dont les parents habitent toujours la municipalité. «Le remarquable parcours de David Saint-Jacques sert d’exemple et de motivation pour de nombreux citoyens et apporte une fierté incontestable à l’ensemble de notre collectivité, a dit le maire Pierre Brodeur. Nous lui offrons tous nos encouragements pour le succès de sa mission et nous prendrons grand plaisir à le suivre durant son premier voyage à la Station spatiale internationale»